Les ours blancs sont parmi les animaux les plus mignons de la planète. Mais ils sont également en danger. Alors qu’on souligne aujourd’hui la Journée internationale de l’ours polaire, Métro s’est penché sur l’impact des changements climatiques sur cette espèce emblématique et sur les moyens d’assurer sa survie.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), leur population oscille entre 20 et 25 000 individus en Arctique, répartie entre l’Alaska, le Canada, la Russie, le Groenland et la Norvège. Depuis 2008, les ours polaires sont classés parmi les espèces vulnérables, car leur nombre a baissé de 30% lors des 45 dernières années.
Des mesures contre la chasse intensive ont été prises pour éviter l’extinction au Canada, aux États-Unis et en Russie, même si certaines communautés autochtones ont conservé des quotas de chasse annuels.
Les Américains ont placé l’ours polaire sur leur liste des espèces en danger en 2008. Le Canada a fait de même en 2011. En 1973, les cinq pays ayant les plus fortes populations d’ours blanc ont signé un accord sur la conservation de l’espèce.
Mais ces mesures ne concernent que la chasse. Les changements climatiques causent beaucoup plus de dommages aux ours et à leur habitat. Le réchauffement planétaire a déjà affecté leur mode de vie et de reproduction.
«Ces animaux se nourrissent de phoques et d’autres mammifères qui leur procurent suffisamment d’énergie pour survivre dans l’Arctique, explique Angela Navas, professeure de biologie à l’université Central de Bogota. En raison des changements climatiques, leur habitat et leur zone de chasse diminuent de taille. Oui, ils chassent en mer, mais ils doivent être sur la terre ferme pour le reste de leurs activités. La fonte et la fragmentation de la banquise les obligent à nager sur de plus grandes distances pour atteindre la terre ferme. Leur temps de chasse est également réduit.»
Un article scientifique écrit par Ian Stirling et Andrew E. Derocher, professeurs de biologie à l’université de l’Alberta, publié en 2012 dans la revue Global Change confirme que leur habitat a significativement diminué lors des 40 dernières années. Une espèce dont l’habitat est en danger a de grandes chances de se retrouver sur la liste des animaux en voie d’extinction.
«Ce ne sont pas toutes les espèces qui vont disparaître immédiatement, mais elles seront profondément affectées par la fonte des glaces.» –Jeferson Galeano, professeur à l’université de la Sabana, en Colombie
L’étude des professeurs Stirling et Derocher démontre que certains ours mâles peuvent se nourrir de noix, de végétaux et d’œufs. Ce comportement est observé depuis les années 1900. Mais l’espèce n’est pas totalement en mesure de s’adapter à ces autres sources de nourriture. Le système digestif de l’ours polaire n’est pas capable de les digérer totalement. Cela les rend inévitablement dépendants de leur source primaire de nourriture.
Entrevue avec Ian Stirling, professeur adjoint de biologie à l’université
de l’Alberta: «Plus la glace fond, plus il est difficile pour eux
de survivre»
Y a-t-il une chance que l’ours polaire survive?
Si les humains sont en mesure de stopper ou de réduire le réchauffement de la planète, ils pourront conserver leurs habitats les plus nordiques. Dans les régions les plus au sud, les ours souffriront davantage de la disparition de la banquise, ce qui met en péril leur survie à long terme.
Pourquoi le sort des ours polaires est-il si important?
Ce qui arrive aux ours polaires est une preuve que le réchauffement de la planète existe et qu’il fait fondre la banquise arctique. Il est facile de comprendre que ces animaux ont besoin de la banquise comme d’une plateforme sur laquelle chasser leur proie principale, le phoque. Plus la glace fond, plus il est difficile pour eux de survivre.
Des choses plus dangereuses pour les humains, comme les sécheresses, les tempêtes et la montée du niveau de la mer, ont déjà des effets importants, mais les ours blancs constituent une façon simple d’expliquer l’impact du réchauffement climatique et rappeler qu’il faut agir maintenant!
Dans combien de temps disparaîtront les ours polaires?
Si nous pouvons ralentir ou arrêter le réchauffement planétaire dans les 20 prochaines années, ils pourront survivre au nord. Sinon, il n’en restera plus beaucoup d’ici la fin du siècle.
Quelles conséquences
cela pourrait-il avoir?
La perte des ours blancs eux-mêmes n’aurait pas un grand impact sur l’écologie mondiale. Toutefois, la montée des températures aura un impact beaucoup plus grand et négatif sur les humains.
Les mesures prises pour sauver les ours polaires ont-elles donné des résultats?
Nous assistons à des efforts significatifs pour réduire la production de gaz à effet de serre dans plusieurs pays. La Chine, qu’il n’y a pas si longtemps, n’était pas très active, est maintenant un leader mondial. L’accord de Paris sur la réduction des gaz à effet de serre est très encourageant. Toutefois, les mesures et les déclarations récentes du gouvernement américain sont très préoccupantes. La participation et la direction des États-Unis sont cruciales au succès à long terme de la lutte contre les changements climatiques.
Comment la population peut-elle contribuer?
On peut s’inscrire à plusieurs programmes. Le Fonds mondial pour la nature (WWF en anglais) et d’autres organisations de protection des espèces amassent des fonds. L’organisme Polar Bears International Organization [NDLR:
l’organisme à but non lucratif qui a créé la Journée internationale de l’ours polaire] propose plusieurs initiatives pour ceux qui veulent soutenir cette cause. On peut signer des pétitions en ligne et participer à des programmes éducatifs en ligne afin d’en apprendre plus sur les efforts de conservation.