Les hauts plateaux d’Éthiopie, jusqu’ici épargnés par le paludisme en raison des températures plus fraîches qui y règnent, risquent d’être de plus en plus touchés par cette maladie à cause du réchauffement climatique, selon une étude parue jeudi.
L’essentiel de la population éthiopienne vit sur ces plateaux du centre et du nord du pays où le climat plus frais empêche le développement des parasites à l’origine de cette maladie propagée par des moustiques.
L’étude menée par des chercheurs de l’Université du Maine et de l’Université Columbia de New York montre que la hausse des températures ces 35 dernières années y a créé des conditions plus favorables à la propagation du paludisme. Environ six millions de personnes vivent dans des zones désormais assez chaudes pour que le paludisme puisse s’y développer, selon cette étude parue dans la revue Environmental Research Letters.
«Des températures de l’air inférieures respectivement à 18°C et 15°C stoppent efficacement le développement des parasites Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax, responsables de la plupart des cas de paludisme en Éthiopie», explique l’auteur principal de l’étude, Bradfield Lyon, chercheur à l’Université du Maine, dans un communiqué.
La température diminuant avec l’altitude, une grande partie des hauts plateaux éthiopiens est en dessous de ces seuils de 18°C ou 15°C.
Des températures basses entravent aussi le développement des populations de moustiques Anophèles qui transmettent la maladie.
Les chercheurs ont étudié comment, sur une période allant de 1981 à 2014, l’altitude minimale pour échapper au paludisme a évolué.
L’altitude à laquelle les températures de 18°C ou 15°C sont atteintes «s’est élevée de plus de 100 mètres depuis 1981», précise Bradfield Lyon.
«Davantage de personnes risquent» de contracter le paludisme, du fait de ce rétrécissement de la zone plus fraîche, à l’abri de la maladie, souligne Madeleine Thomson, de l’université de Columbia, coauteur de l’étude.
De 1981 à 2014, la température en Éthiopie a augmenté d’au moins 0,22°C par décennie, relèvent les chercheurs.
L’Afrique est de très loin le continent le plus touché par le paludisme, comptant pour 92% des 429.000 personnes tuées dans le monde en 2015 par cette maladie également appelée malaria, selon des chiffres de l’OMS. Les enfants de moins de cinq ans représentent plus des deux tiers de ces décès.