BOSTON — La publication anticipée de milliers de documents gouvernementaux inédits concernant l’assassinat du président américain John F. Kennedy pique la curiosité des chercheurs et des détectives du dimanche. Ils attendent maintenant de voir si le président Donald Trump s’opposera à la divulgation de dossiers qui pourraient jeter un nouvel éclairage sur une tragédie qui alimente les théories du complot depuis des décennies.
Les Archives nationales des États-Unis ont jusqu’au 26 octobre pour publier les derniers documents concernant l’assassinat du président Kennedy, sauf si M. Trump s’y oppose. La CIA et le FBI, dont les dossiers forment l’essentiel de ces documents, n’ont pas voulu dire s’ils ont demandé au président républicain de les garder secrets.
«Le public américain a le droit de connaître les faits, ou à tout le moins il a le droit de savoir ce que le gouvernement a gardé caché pendant toutes ces années, a dit à l’Associated Press par courriel Larry Sabato, un politologue de l’Université de la Virginie qui a écrit un livre sur le président Kennedy. Il est plus que temps de faire preuve de transparence avec cette information.»
Il est peu probable que les documents contiennent des révélations fracassantes concernant l’assassinat de M. Kennedy, a dit le juge John Tunheim, qui a présidé pendant les années 1990 l’agence indépendante qui a décidé quels documents seraient rendus publics et pendant combien de temps les autres seraient gardés secrets.
M. Sabato et d’autres chercheurs qui s’intéressent au président Kennedy croient que les dossiers pourraient permettre d’en apprendre un peu plus concernant le voyage de Lee Harvey Oswald au Mexique quelques semaines avant le meurtre.
Oswald avait à ce moment visité les ambassades cubaine et russe pour, avait-il dit, obtenir des visas afin de pouvoir visiter ces deux pays, selon la Commission Warren mise sur pied par le président Lyndon B. Johnson, mais son voyage demeure néanmoins entouré de mystère.
Les documents contiendraient aussi des détails de l’entente intervenue entre Washington et Mexico pour permettre aux États-Unis de surveiller ces ambassades et celles d’autres pays, selon le juge Tunheim.
La Maison-Blanche n’a pas immédiatement répondu à des courriels demandant des commentaires.
Le FBI a refusé de dire s’il a demandé à M. Trump de garder les dossiers secrets. Une porte-parole de la CIA a simplement répondu que l’agence «continue à participer au processus pour déterminer les étapes appropriées concernant l’information de la CIA qui n’a pas encore été rendue publique».
Le Congrès des États-Unis a ordonné en 1992 que tous les documents ayant trait à l’assassinat du président Kennedy soient rendus publics d’ici 25 ans, sauf si le président juge que cela porterait atteinte aux renseignements, aux forces de l’ordre, aux opérations militaires ou aux relations étrangères.
Les documents toujours secrets incluent plus de 3000 dossiers qui n’ont jamais été vus du public et 30 000 qui ont été dévoilés sous une forme rédactée.
Le juge Tunheim a dit que les documents qui n’ont jamais été dévoilés sont ceux que l’Assassinations Records Review Board «ne croyait pas pertinents». Les membres de cette commission ont tenté d’éviter de cacher des informations associées directement au meurtre du président Kennedy, mais il n’est pas exclu que les documents contiennent des fragments dont la pertinence leur a échappé il y a vingt ans, a-t-il ajouté.
«Il y a peut-être des joyaux là-dedans parce que notre niveau de savoir, dans les années 1990, était peut-être différent de celui d’aujourd’hui», a dit le magistrat.
Les Archives nationales n’ont pas voulu dire si quelqu’un s’est opposé à la publication des documents. En juillet, elles ont mis en ligne plus de 440 documents inédits reliés à l’assassinat et des milliers d’autres qui avaient été publiés avec des rédactions.
Il est toutefois peu probable que tous les documents soient dévoilés, ont dit des experts, comme les déclarations d’impôt de Jack Ruby, qui a abattu Oswald. Des documents importants peuvent aussi avoir été détruits avant 1992, quand une loi a ordonné qu’ils soient remis aux Archives nationales.
Mais même une transparence totale ne suffirait probablement pas à faire taire toutes les théories du complot qui tourbillonnent depuis plus de 50 ans.
«Les gens vont probablement toujours croire qu’il y a eu un complot, a dit le juge Tunheim. Je ne crois toutefois pas que le gouvernement fédéral, en particulier, soit suffisamment efficace pour garder un secret comme celui-là pendant aussi longtemps.»