BOSTON — Au Québec comme ailleurs, le retour du dindon sauvage ne fait pas que des heureux.
Après avoir été exterminé de la Nouvelle-Angleterre dans les années 1800, l’oiseau effectue un retour qualifié de succès spectaculaire pour la restauration de la faune.
Mais au fur et à mesure que le dindon sauvage envahit les zones urbaines, les conflits se multiplient: des jardins sont saccagés, des voitures endommagées, et des animaux de compagnie et des humains attaqués. Au Québec, une femme de l’Outaouais a défrayé la chronique l’an dernier quand un oiseau s’est introduit avec fracas dans son salon.
Les plaintes ont explosé depuis trois ans dans la région de Boston, causant des maux de tête aux policiers et aux responsables qui doivent gérer la situation. Les dirigeants bostonnais ont reçu 60 plaintes l’an dernier, soit trois fois plus que l’année précédente. Trois villes voisines — Somerville, Belmont et Brookline — totalisent 137 plaintes depuis le début de l’année.
«Il y a quelques années, c’était davantage des incidents isolés ici et là, explique le biologiste David Scarpitti. Mais maintenant ça commence à se répandre dans des communautés tout autour de Boston.»
Souvent les plaintes ne sont rien de plus qu’un dindon égaré qui bloque la circulation, mais dans au moins cinq cas les policiers ont dû ouvrir le feu pour protéger la sécurité du public. Une femme de 72 ans sortie marcher affirme avoir été blessée quand elle a été attaquée et projetée au sol par un groupe de dindons.
Les dindons sauvages sont nettement plus forts et rapides que ceux qu’on déguste à Noël. Les mâles, en particulier, doivent prouver leur agressivité physique s’ils veulent gravir la hiérarchie, et ils perçoivent parfois les humains comme des rivaux.
«Les dindons sauvages ne veulent pas vraiment blesser les humains — ça fait simplement partie de la dynamique de leur groupe, précise M. Scarpitti. Ils perdent de vue que les dindons sont des dindons et des humains des humains. Ils veulent simplement établir leur dominance sur n’importe quoi.»
Même les premiers Américains ont été témoins de la témérité de ces oiseaux. Benjamin Franklin a écrit que le dindon est un «oiseau courageux qui n’hésitera pas à attaquer (un soldat britannique) qui envahirait (son territoire) en portant un manteau rouge».
Les dirigeants de la ville de Cambridge assurent qu’ils sont à élaborer un plan pour régler le problème. À Brookline, les responsables conseillent aux résidants «d’avancer vers le dindon avec un air de confiance».
Des experts expliquent que les résidants qui laissent de la nourriture à portée des oiseaux sont partiellement responsables de la situation, puisque cela encourage les dindons à s’installer dans un secteur, en plus de les aider à traverser l’hiver.
Des villes du New Jersey, de l’Iowa et de l’Oregon interdisent maintenant de nourrir les dindons sauvages, tandis que la pratique est interdite dans tout le Montana. Mais l’idée est moins populaire à Boston, où plusieurs applaudissent le retour de cet oiseau emblématique.
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