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Clinton s'inquiète d'une «nouvelle guerre froide»

Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Devant plus de 3000 personnes réunies au Palais des congrès de Montréal lundi soir, Hillary Clinton s’est servie des leçons qu’elle a apprises à l’élection présidentielle de 2016 pour leur faire prendre conscience de tous les défis auxquels font face les démocraties, comme le Canada et les États-Unis.

L’ex-candidate à la présidence américaine était invitée à Montréal pour discuter de son livre «What happened» — «Ça s’est passé comme ça» en français — où il est question de sa défaite surprenante contre Donald Trump il y a près d’un an.

Comme elle l’a fait dans son livre, l’ex-candidate démocrate ne s’est pas longtemps attardée sur «ce qui s’est passé» pour se concentrer davantage sur «ce qui est en train de se passer» dans le monde avec M. Trump à la tête des États-Unis.

«Comme personne, je vais bien. Mais en tant qu’Américaine, je suis plus inquiète que jamais», a-t-elle lancé d’entrée de jeu.

Mme Clinton s’est dite très préoccupée du début d’une «nouvelle guerre froide» pilotée par les Russes et dont les nouvelles armes sont les fausses informations, et les cyberattaques.

«C’est un danger manifeste et présent pour les démocraties occidentales comme les nôtres», a-t-elle dit, citant d’autres exemples de possibles ingérences russes, notamment en France et en Allemagne.

«Et ça sort tout droit du livre de stratégies de Poutine (Vladimir, le président russe).»

Celle qui a brisé plusieurs plafonds de verres dans sa vie a aussi souligné le défi que doivent encore affronter les femmes qui se présentent en politique.

«Le double standard est bien vivant», a-t-elle déclaré, affirmant que la solution au sexisme est d’amener plus de femmes sur la scène politique.

Comme elle l’avait fait à Toronto, elle a salué le premier ministre Justin Trudeau, un dirigeant «charismatique» qui a nommé autant d’hommes que de femmes dans son cabinet.

«J’ai applaudi quand le premier ministre Justin Trudeau a nommé le premier cabinet où il y a la parité homme-femme. Et j’ai applaudi encore quand quelqu’un lui a demandé pourquoi, et j’ai aimé sa réponse: « Parce qu’on est en 2015″», a-t-elle déclaré.

Retour sur 2016

Après une allocution d’une dizaine de minutes, Mme Clinton a répondu aux questions de Caroline Codsi, présidente et fondatrice de «La Gouvernance au féminin», qui l’a interrogée sur certains chapitres de «What happened».

Elle s’est notamment prononcée sur l’expérience «étrange» d’avoir eu à assister à l’investiture de son rival à la Maison-Blanche, car traditionnellement les premières dames participent à l’événement.

«C’était comme un traitement de canal sur les stéroïdes. C’était si douloureux», a-t-elle raconté.

«J’ai aperçu Michelle Obama et je me disais ‘Peux-tu croire ça?’»

Mme Clinton a aussi parlé du deuxième débat à la présidence, lors duquel M. Trump était très proche physiquement de son adversaire. Elle relaté qu’elle avait choisi de rester calme même si c’était «tellement inconfortable».

«Ce que j’ai réalisé en rétrospective, c’est que ça a été la première campagne de téléréalité, qu’il était le premier candidat de téléréalité», a-t-elle déclaré.

«J’étais la candidate de la réalité. Je n’étais juste pas aussi divertissante.»

Mme Clinton s’est aussi fait questionner sur les allégations de harcèlement et d’agressions sexuelles qui pèsent contre le puissant producteur hollywoodien Harvey Weinstein, qui était un grand donateur démocrate et un ami des familles Clinton et Obama.

«J’espère que les projecteurs qui sont maintenant braqués sur ces comportements et le courage de ces femmes qui dénoncent et qui racontent leur histoire vont aider à mettre fin à ce comportement abusif et dominateur», a-t-elle répondu.

Avant d’arriver sur scène, Mme Clinton avait été présentée par son amie, l’auteure canadienne Louise Penny, qu’elle était allée visiter cet été à North Hatley.

L’ex-première dame des États-Unis a été chaudement applaudie par les spectateurs en arrivant sur scène. Elle s’est rapidement assise, car elle s’est fracturé le pied après être tombée dans les escaliers.

Une salle remplie d’admirateurs

Plusieurs femmes, jeunes et moins jeunes, ainsi que des hommes, étaient présents pour entendre les impressions de l’ex-politicienne.

Quelques spectatrices rencontrées avant l’événement ont témoigné de leur admiration pour l’ancienne secrétaire d’État américaine, qui est passée à un cheveu de devenir la première femme présidente des États-Unis.

Fleurette Cloutier-Turcotte est une admiratrice de la première heure. Elle raconte avoir travaillé pour l’équipe de Hillary Clinton en Floride, le jour de l’élection, en faisant des appels. Quand elle a reçu son livre, elle l’a dévoré et l’a même annoté.

«Je pense qu’elle est là encore pour stimuler les autres personnes à aller vers le pouvoir. On compte beaucoup sur elle encore», a-t-elle affirmé.

Camille Schull, âgée 18 ans, a décrit Hillary Clinton comme une «inspiration pour toutes les jeunes filles».

«C’est une très grande influence pour le rôle des femmes en politique, elle a surmonté plusieurs obstacles», a-t-elle soutenu.

La tournée de promotion de Mme Clinton passe par 15 villes canadiennes et américaines. Dans les prochains mois, elle fera des apparitions dans plusieurs villes des États-Unis, avant de terminer sa tournée à Vancouver le 13 décembre.

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