Jochen Zeitz, président de Puma, pourrait bien être le pionnier de l’écologisme le plus énergique du monde. À titre de directeur général de Puma (poste auquel il a accédé à l’âge de 30 ans), il a été l’un des premiers à tenir compte des impacts environnementaux dans ses activités commerciales. Maintenant président de la multinationale, il exerce aussi les fonctions de responsable en chef de la durabilité de PPR, la société mère de Puma. Selon lui, mettre l’accent sur l’impact environnemental est non seulement un standard d’éthique, mais aussi une saine pratique d’affaires.
La préservation de l’environnement est une initiative louable, mais a-t-elle un sens dans le monde des affaires?
À long terme, la durabilité est non seulement une responsabilité, mais aussi un moyen de réduire les risques auxquels une entreprise est exposée. Si l’on intègre une partie des risques que la dégradation de l’environnement peut poser pour une chaîne d’approvisionnement et, en fin de compte, pour la fourniture d’un produit, on devra prendre l’environnement en considération. De plus, la durabilité présente des possibilités pour les entreprises, pas seulement comme source de profits potentiels, mais aussi comme occasion d’innover. C’est une occasion pour les entreprises de refléter les changements d’attitude des consommateurs.
Le commun des mortels connaît les pertes et les profits financiers, mais comment fonctionnent les pertes et les profits environnementaux (PPE)?
Examinons le bilan des PPE de Puma. Nous avons estimé la valeur financière de notre empreinte carbone et eau, de notre pollution et de notre utilisation du sol. À la lumière de leur valeur, nous pouvons dire que si la nature devait nous facturer un montant pour ces services et l’impact que nous avons par le biais de notre chaîne d’approvisionnement, ce serait 146 M € par année. Le bilan nous donne un chiffre sur lequel nous pouvons nous baser et nous permet de savoir sur quoi nous avons un impact environnemental, et de rechercher de nouvelles technologies ou de nouveaux produits pour effacer notre empreinte.
Votre travail consiste à vous assurer que le bilan des PPE de Puma est positif, pas négatif. Comment vous y prenez-vous?
À l’heure actuelle, il est négatif, comme pour la plupart des entreprises. Prenons les entreprises d’énergie solaire. La fabrication de panneaux solaires consomme de l’énergie, mais leur impact net est positif, car elles utilisent les panneaux pour créer de l’énergie renouvelable. Si l’on utilise un système traditionnel de culture pour produire du coton, on reconnaît la nécessité d’employer de nouveaux matériaux pour réduire son empreinte et, par conséquent, on intègre l’énergie renouvelable dans la chaîne d’approvisionnement. En compensant l’empreinte, on obtient quelque chose de positif en retour.
Puma est un fabricant de produits de consommation. La consommation n’est-elle pas justement le problème?
Nous devons examiner nos habitudes de consommation. La consommation n’est pas nécessairement négative, mais nous devons changer nos habitudes et nos méthodes de production, c’est-à-dire la façon dont nous concevons et fabriquons nos produits. Si les entreprises ne font rien, les ressources seront pratiquement épuisées d’ici 10 ans.
À quel point Puma est-il respectueux de l’environnement en ce moment?
Nous ne produisons pas de matières premières et nous n’exploitons pas nos propres manufactures, mais, en tant qu’entreprise responsable, nous examinons la chaîne d’approvisionnement dans son ensemble. Notre propre empreinte ne représente que 8 M€ sur les 146, et notre entreprise ne génère elle-même qu’un faible pourcentage de son empreinte, bien qu’elle compte 10 000 employés. Du point de vue des PPE, c’est une surprise. Nous avons peu d’emprise sur l’impact le plus important!
Quelles mesures doivent être prises en particulier?
Nous devons trouver une solution de remplacement aux carburants fossiles qui soit exploitée ou produite de façon durable, afin de réduire considérablement l’impact environnemental. C’est quelque chose qui se produira avec le temps, pas du jour au lendemain.
Quand l’environnement a-t-il pris une telle importance pour vous?
J’ai toujours été préoccupé par mère Nature, mais, à titre de chef d’entreprise, j’ai découvert les nombreuses manières dont une entreprise peut faire évoluer les choses positivement. J’ai pris conscience que c’était MA responsabilité, pas une responsabilité que je pouvais confier aux gouvernements. Une société puissante peut changer les choses d’une façon qui ne se limite pas à ses propres activités.
Dans l’exercice de vos fonctions, vous voyagez à travers le monde. Comment réduisez-vous au minimum votre empreinte personnelle?
Malheureusement, les voyages font partie intégrante de ma vie professionnelle et personnelle. Mais j’essaie de réduire mon impact à l’aide de mon propre bilan, c’est-à-dire ma ferme au Kenya, où ma fondation s’efforce de préserver l’environnement, la culture et l’agriculture de la région. Voici ce que j’appelle les «4C» : conservation, communauté, culture et commerce.
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Bilan des PPE
• Nouvelles. L’année dernière, la marque de vêtements de sport Puma a fait les manchettes en devenant la première entreprise du monde à chiffrer la valeur économique de l’impact des émissions de gaz à effet de serre et de la consommation de ressources sur sa chaîne d’approvisionnement.
• Bilan des PPE. Puma a dévoilé les résultats de son premier bilan des PPE en novembre dernier. Le coût des émissions, de la pollution et des déchets découlant de ses activités est évalué à 146 M€ par année.
• Impact écologique. L’impact des activités principales de Puma n’est estimé qu’à 8 M€, tandis que sa chaîne d’approvisionnement représente plus de 90 % de la valeur totale. Les impacts les plus importants sont générés par la production de matières premières.
• Enjeux sociaux. Grâce au bilan des PPE, Puma vise à aborder des enjeux sociaux liés à la durabilité, tels que les justes salaires et la sécurité.