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Nicaragua: les forces pro-Ortega asseoient leur contrôle sur Masaya

Heavily armed pro-government militia flash victory signs as they occupy the Monimbo neighborhood of Masaya, Nicaragua, Wednesday, July 18, 2018. On Tuesday, Nicaraguan government forces retook the symbolically important neighborhood that had recently become a center of resistance to Ortega's government. (AP Photo/Alfredo Zuniga)

Les forces fidèles au président nicaraguayen Daniel Ortega asseyaient mercredi leur contrôle sur Masaya, bastion de l’opposition violemment repris la veille, s’attirant les condamnations de la communauté internationale.

T-shirt bleu, cagoule et fusil en main, des dizaines de paramilitaires patrouillaient à bord de pick-up dans les rues du quartier rebelle de Monimbo, jusqu’à la veille hérissées de barricades, a constaté l’AFP.

D’autres, adossés à des murs recouverts de graffitis anti-Ortega mangeaient ou se reposaient. Des véhicules de la police étaient également visibles, tandis que des habitants reprenaient leurs occupations et que des magasins relevaient leur rideau de fer.

Selon une ONG, quelque 200 habitants de Masaya ont dû fuir mercredi cette ville, poursuivis par les forces progouvernementales.

“En ce moment, ces personnes qui s’étaient réfugiées (dans les environs de Masaya) sont en train d’être pourchassées par la police et les paramilitaires qui utilisent des chiens pour les traquer”, a déclaré le dirigeant de l’Association nicaraguayenne des droits de l’homme (ANPDH) Alvaro Leiva.

Agitant le drapeau rouge et noir du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche) au pouvoir, faisant le V de la victoire ou levant le poing, ces hommes célébraient la “victoire” de mardi.

Le FSLN est l’unique guérilla latino-américaine ayant remporté une victoire militaire, contre le dictature des Somoza en 1979, avant de perdre le pouvoir la décennie suivante à l’issue d’un violent conflit contre-révolutionnaire armé par les Etats-Unis, puis de le reprendre à nouveau, mais par les urnes.

Le parti au pouvoir applique désormais scrupuleusement les recommandations du Fonds monétaire international (FMI), dont le projet de réforme des retraites a été le détonateur de la colère populaire en avril.

Durant plusieurs heures mardi les habitants du quartier indigène de Monimbo on tenté de résister derrière leurs abris avec des pierres et des mortiers artisanaux.

Le bilan des affrontements dans cette ville de 100.000 habitants à une trentaine de kilomètre de la capitale Managua était loin d’être clair. Le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh) faisait était de deux morts, tandis que le gouvernement ne parlait que d’un policier tué. Une habitante a assuré à l’AFP qu’il s’agissait d’un “massacre”, alors que, selon un paramilitaire, personne n’a été tué.

“Hier (mardi), ce fut une bataille de presque six heures, l’idée était de déloger (les rebelles) pour libérer la ville des barricades”, a déclaré à l’AFP Francisco, un paramilitaire de 45 ans qui a participé aux combats.

Selon lui, “la population apprécie et nous remercie”. Giovania Valitan fait partie de ceux-là.

“Grâce à Dieu, tout est rentré dans l’ordre et la paix est revenue. Ces mauvaises personnes doivent chercher à réparer les dommages qu’ils ont causés (…) on souhaite la prospérité et travailler, rien de plus, et que les touristes reviennent, qu’ils n’aient pas peur”, déclare à l’AFP cette femme de 34 ans.

D’autres, comme Livia Castillo, femme au foyer de 38 ans, estime qu’”on ne sait pas (ce qui va arriver), j’ai très peur, ça n’était jamais arrivé. J’ai un garçon de 16 ans et j’ai peur qu’ils l’emmènent de force. On est très inquiets”.

L’incursion à Masaya, qui intervient deux jours avant le 39e anniversaire de la révolution sandiniste, est un pied de nez à la communauté internationale, qui a intensifié ces derniers jours les appels à la fin de la répression.

La situation au Nicaragua “est alarmante et empire de jour en jour”, a averti mercredi le secrétaire de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) dans un entretien à l’AFP.

“Le comportement adopté par le gouvernement ces derniers jours semble fermer la porte aux espaces de dialogue”, a estimé Paulo Abrao à propos du petit pays d’Amérique centrale où plus de 280 personnes ont perdu la vie en trois mois.

Un mouvement de protestation, dont les étudiants sont le fer de lance, a été lancé le 18 avril contre le gouvernement de Daniel Ortega, un ex-guérillero de 72 ans, à la tête du Nicaragua depuis 2007 après l’avoir déjà dirigé de 1979 à 1990.

Il est accusé d’avoir mis en place avec son épouse Rosario Murillo, une “dictature” marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.

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