Il ne fallait pas vendre la peau des grizzlis du parc national de Yellowstone avant de les avoir tués: un juge américain a ordonné leur retour sur la liste des espèces menacées, dont un organisme fédéral les avait impitoyablement rayés en juin 2017.
Dans son ordonnance en date de lundi, le juge Dana Christensen, de l’État du Montana, affirme que la décision du Fish and Wildlife Service, l’organisme fédéral chargé de la gestion de la faune sauvage, d’enlever ces ours de la liste des espèces menacées était “arbitraire et fantasque”. Selon lui, l’agence a notamment fondé sa décision sur des études qui ne sont pas pertinentes, “manquant ainsi à ses obligations” de rigueur scientifique.
Le tribunal du Montana avait été saisi l’an dernier par la tribu Crow et plusieurs autres tribus d’Amérindiens qui s’opposaient à cette décision menaçant 700 plantigrades (animaux marchant sur la plante des pieds) de ce parc de l’ouest des États-Unis.
C’est dans ce cadre que le juge Christensen avait bloqué en août l’ouverture d’une chasse au grizzli controversée qui devait avoir lieu autour du parc de Yellowstone, dans l’Idaho et le Wyoming, pour la première fois en 40 ans.
Au total, jusqu’à 23 ours auraient pu finir en descente de lit ou en trophée à l’issue de cette chasse.
“Le tribunal a conscience du vif intérêt que le public a pour cette affaire, ainsi que de l’émotion que les grizzlis suscitent chez les gens, des éleveurs et chasseurs jusqu’aux défenseurs de la nature et des droits des animaux”, écrit Dana Christensen.
Des “implications politiques significatives” mais qui n’entrent pas en ligne de compte dans ce jugement, assure-t-il.
“Ce dossier (…) est limité à une simple question: oui ou non, le Fish and Wildlife Service a-t-il outrepassé son autorité légale en retirant de la liste (des espèces menacées) l’ours grizzli du Haut Yellowstone?”, a expliqué le juge, qui a donc tranché en faveur du oui.
“C’est une victoire pour les ours et pour tous ceux qui viennent dans la région pour voir le grizzli dans son milieu naturel”, s’est réjoui dans un communiqué Tim Preso, avocat d’Earthjustice, une ONG juridique qui portait la plainte au nom de la tribu indienne des Cheyennes du Nord et d’associations de protection de la nature, comme le Sierra Club.
“Nous sommes heureux que le tribunal ait pris le parti de la science”, a réagi Bonnie Rice, pour le Sierra Club.
“La nation des Cheyennes du Nord considère l’ours grizzli comme un parent qui mérite notre respect et notre protection”, a expliqué de son côté Lawrence Killsback, président de cette tribu. “Il en va de notre responsabilité de parler pour les ours, qui ne peuvent s’exprimer eux-mêmes”, a-t-il assuré.