Si Barack Obama est élu, le monde musulman va souffler un demi-ouf de soulagement. Même si le président sortant a déçu dans la région, il est préféré à Mitt Romney, le faucon!
Les élections présidentielles américaines sont toujours suivies avec un grand intérêt dans le monde musulman, car les États-Unis jouent un rôle capital dans la région. Physiquement, l’Oncle Sam est partout là-bas. Ses plus grandes bases militaires, en dehors des États-Unis, sont installées dans le Golfe arabe en Arabie Saoudite, au Bahreïn et au Qatar, où leur poste de commandement dans la région se trouve à Doha, en face des locaux de la chaîne Al Jazeera! Puis, les Ricains gardent une présence en Irak, sont très actifs en Afghanistan et avec leurs drones, ils quadrillent le Pakistan et le Yémen.
Leurs yeux surveillent la Syrie via le Liban, la Jordanie et la Turquie. En Afrique du Nord, les Américains ont des alliances avec la Mauritanie, le Maroc et l’Algérie et comptent s’installer tranquillement en Tunisie et en Libye (http://www.liberation.fr/monde/2012/11/02/le-consulat-de-benghazi-abritait-surtout-des-agents-de-la-cia-selon-le-wall-street-journal_857668). En Égypte, ils délient chaque année les cordons de leur bourse. On parle d’un à trois milliards d’aides militaire et économique versées au Caire (http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/03/23/97001-20120323FILWWW00534-usaegypte-reprise-de-l-aide-militaire.php).
En terre d’islam, il y a le camp des refuzniks, pour qui Obama et Romney, c’est bonnet blanc, blanc bonnet. L’Iran, le Soudan, le Hezbollah libanais et la Syrie considèrent que la politique étrangère de l’Oncle Sam dans la région est identique quelque soit le locataire de la Maison blanche. Républicains et démocrates sont deux faces de la même médaille, celle du parrain d’Israël. C’est ce qui a fait dire à l’agence de presse gouvernementale afghane Fars : «La frappe contre l’Iran sera-t-elle l’œuvre d’une main de fer dans un gang de velours ou un simple coup de marteau directement sur le crâne?»
Dans les autres pays, l’image des États-Unis fluctue depuis les dix dernières années. Le sentiment de méfiance à son égard reste fort. En gros, à l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, l’image des États-Unis s’était améliorée (http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20120618141836/). Cette embellie a été de courte durée. En 2009, le président fraîchement élu a adressé son célèbre discours au Caire. Il y a promis solennellement aux Arabes de faire avancer un règlement du conflit israélo-palestinien. Trois ans après, les Arabes et les musulmans regrettent l’impuissance de l’équipe Obama dans le dossier palestinien. Ils n’espèrent, d’ailleurs, rien à ce sujet de l’équipe Romney.
En parcourant les médias de la région, en règle générale, lors des débats Obama contre Romney, le dossier, qui a intéressé tous les pays, est l’issu du conflit israélo-palestinien. Par la suite, dépendamment du pays, viennent la crise nucléaire avec l’Iran, le dossier syrien, et le printemps arabe.
Toutefois, un commentaire d’un internaute glané sur le site d’Al Jazeera résume parfaitement le sentiment des Arabes et des musulmans : «Quelque soit le gagnant de la présidentielle américaine, les redevances des 15 millions de barils du pétrole du Golfe arabe vont continuer à garnir quotidiennement les réserves des banques américaines. Les aides militaire et économique américaines vont continuer à affluer vers l’ennemi israélien pour tuer des Arabes et occuper leurs territoires. Les bases militaires américaines fleuriraient encore plus dans les pays du Golfe! Tant que les peuples arabes cultiveront la haine et la jalousie les uns contre les autres, et qu’ils tisseront des conspirations les uns contre les autres, ils ne verront pas de sitôt leur situation s’améliorer. Les Arabes doivent se réformer de l’intérieur, car le changement ne proviendra jamais du nouveau locataire de la Maison Blanche!»