Le pape François invite les évêques américains à éviter les techniques de «marketing» pour restaurer la confiance des fidèles entamée par le drame de la pédophilie, qui a particulièrement éclaboussé l’Église catholique aux Etats-Unis, dans une lettre publiée jeudi.
«L’atteinte à la crédibilité de l’Église exige une approche particulière parce qu’elle elle ne peut se résoudre avec des décrets volontaristes et en instituant de nouvelles commissions ou en améliorant les organigrammes de travail comme si nous étions un service de ressources humaines», écrit le pape dans cette lettre aux évêques américains, réunis pour une retraite spirituelle aux États-Unis.
Pour restaurer la crédibilité de l’Église, qui a été «fortement remise en cause et affaiblie par ces péchés et crimes, et particulièrement par la volonté de les cacher et de les dissimuler», il ne s’agit pas de trouver des solutions où «certains apparaissent comme des gagnants et d’autres non», ajoute Jorge Bergoglio.
Cela «nous libérera de la recherche de formes de triomphalisme fausses, faciles et futiles», assure le pape, pour qui il est donc urgent de bannir les calculs «marketing ou stratégiques» pour «récupérer une place perdue ou une vaine reconnaissance».
Du 2 au 8 janvier, les évêques américains participent à une retraite spirituelle suggérée par le pape François, afin de prier et réfléchir pour trouver comment répondre au mieux au scandale des abus sexuels. Ne pouvant être physiquement présent «pour des raisons logistiques», le souverain pontife a envoyé ce courrier aux participants pour leur manifester sa proximité, mais aussi rappeler à l’ordre un clergé très désuni sur le drame de la pédophilie.
Point culminant d’une série de scandales dans plusieurs évêchés des Etats-Unis, les services du procureur de Pennsylvanie ont publié mi-août un rapport accablant, détaillant des agressions sexuelles perpétrées durant plusieurs décennies par plus de 300 prêtres et dont ont été victimes un millier d’enfants.
Le rapport dépeint une hiérarchie ayant souvent activement oeuvré pour ne pas ébruiter les cas d’agressions sexuelles et pour protéger les auteurs de ces agressions.
Plusieurs diocèses ont depuis mis en place des commissions d’enquête sur les accusations d’agressions sexuelles visant des prêtres, et certains ont publié des listes de religieux déclarés inaptes à leurs fonctions.
Confronté à une crise de crédibilité sans précédent de l’Église catholique, le pape François a convoqué fin février au Vatican un sommet sur la «protection des mineurs». Ses organisateurs ont exhorté mardi dans une lettre les participants à rencontrer personnellement des victimes d’agressions sexuelles commises par le clergé.