Les autorités brésiliennes ont fait état samedi d’un bilan provisoire de 34 morts après la coulée de boue provoquée par la rupture la veille d’un barrage du géant minier Vale dans le sud-est du pays, mais les espoirs de retrouver les près de 300 disparus étaient minces, la pluie rendant en outre les recherches encore plus difficiles.
Les intempéries n’empêchaient pas le ballet funèbre des hélicoptères, qui tournoyaient sans relâche dans le ciel à la recherche de survivants, mais étaient le plus souvent amenés à hisser des corps inanimés. Près de Brumadinho, dans l’Etat de Minas Gerais, sur plus de 150 mètres de large s’étend un fleuve noirâtre de boue, qui par endroit dévale la pente comme le font les rapides. Des habitants indiquent les endroits où se trouvaient des maisons.
La catastrophe a fait au moins 34 morts, selon le nouveau bilan des pompiers, qui faisaient état précédemment de 11 morts et 296 disparus, dont les autorités redoutent que peu soient retrouvés vivants. Dans la matinée, alors que le bilan était de 345 disparus, 46 personnes avaient été retrouvées vivantes, dont 23 blessées.
Les secouristes ont retrouvé un autocar destiné aux employés de Vale totalement englouti, avec plusieurs corps sans vie à l’intérieur, qui n’ont pas pu être extraits et n’ont pas encore été comptabilisés officiellement.
Technologie israélienne
De nombreux proches de salariés de la mine attendaient des nouvelles avec anxiété et ne cachaient pas leur révolte face au peu d’informations obtenues auprès des autorités.
« Ils ne veulent rien dire! Ce sont nos fils, nos maris, et personne ne dit rien. Mon neveu de cinq ans m’a demandé si son père était mort. Qu’est-ce que je vais lui dire? », a déclaré à l’AFP Olivia Rios.
À la recherche de son mari, Suely de Oliveira Costa était retenue par des agents de sécurité, qui l’empêchaient d’accéder au site et lui demandaient de « se calmer ». « Comment voulez-vous que je sois calme s’il est déjà mort? », s’est–elle écriée.
« Hier, nous étions mobilisés pour des missions de secours, mais aujourd’hui nous débutons une nouvelle phase, le travail humanitaire, pour venir en aide aux sans-abris et à toutes les personnes désemparées », a expliqué à l’AFP Walter Moraes, de la Croix Rouge.
L’armée a annoncé dans un communiqué qu’environ 1.000 militaires avaient été mobilisés sur décision du président Bolsonaro et étaient prêts à être déployés dans la zone.
Le chef de l’Etat, qui a survolé la zone à bord d’un hélicoptère militaire dans la matinée, a confié par la suite sur Twitter qu’il était difficile de contempler ce paysage sans s’émouvoir.
« Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous occuper des victimes, limiter les dégâts, enquêter et réclamer justice pour éviter de nouvelles tragédies », a affirmé le président.
Jair Bolsonaro a également révélé que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui était venu à son investiture à Brasilia le 1er janvier, l’avait appelé samedi pour lui proposer de l’aide dans la recherche des disparus.
« Nous acceptons et remercions pour cette technologie israélienne une nouvelle fois au service de l’humanité », a-t-il ajouté.
Un porte-parole des pompiers a expliqué que cette technologie consiste en des appareils munis de sonars capables de localiser des corps à grande profondeur, qui seront utilisés à partir de lundi.
Une amende pour Vale
Cette tragédie affecte une nouvelle fois l’Etat du Minas Gerais, dévasté en novembre 2015 par une autre rupture de barrage à Mariana, qui avait fait 19 morts et d’énormes dégâts environnementaux.
« La tragédie environnementale devrait être moindre que celle de 2015, mais la tragédie humaine bien plus importante », a reconnu vendredi le PDG de Vale Fabio Schvartsman, dont l’entreprise était également impliquée dans le drame, étant copropiétaire de la mine de Samarco avec le groupe anglo-australien BHP.
À l’époque, des centaines de kilomètres carrés avaient été submergés par un tsunami de boue, qui avait traversé deux États brésiliens et s’était répandu sur 650 kilomètres jusqu’à l’océan Atlantique à travers le lit du fleuve Rio Doce, l’un des plus importants du Brésil.
Le site internet d’informations G1 a affirmé que la Justice du Minas Gerais avait ordonné de bloquer des comptes bancaires de l’entreprise totalisant un milliard de réais (35M$ CAN) en prévision de l’indemnisation des victimes.
L’agence gouvernementale Ibama, qui dépend du ministère de l’environnement, a par ailleurs infligé à Vale une amende de 250 millions de réais (environ 87M$ CAN).