Une alerte a été lancée dimanche à Brumadinho, dans le sud-est du Brésil, face au risque d’une rupture imminente d’un second barrage minier, après la catastrophe qui a fait au moins 37 morts et 300 disparus vendredi.
Samedi, le dernier bilan officiel faisait état de 34 corps retrouvés dans la marée de boue qui s’était écoulée du barrage, mais les pompiers ont annoncé dimanche que trois autres avaient été comptabilisés.
Les recherches de survivants, qui auraient dû reprendre dans la matinée après avoir été interrompues samedi soir, ont été suspendues après l’alerte donnée en raison du risque de rupture d’un autre barrage.
«Ce risque est réel, c’est pourquoi nos équipes ont interrompu les recherches et se consacrent uniquement à l’évacuation de la population qui habite les zones qui pourraient être touchées», a indiqué aux journalistes le chef du corps des pompiers local, Pedro Aihara.
«Dès que l’alarme a été lancée, les pompiers ont commencé à évacuer les villages les plus proches du barrage», a-t-il dit.
À 5h30 du matin, les sirènes ont retenti dans cette bourgade de 39 000 habitants du Minas Gerais, réveillant en sursaut une population déjà traumatisée par le drame et, pour la plupart, l’angoisse d’être sans nouvelle de proches depuis deux jours.
«Attention, évacuation générale de la zone, cherchez à gagner les lieux les plus élevés de la ville. Évacuation d’urgence», lançaient des haut-parleurs.
«J’étais chez moi, la sirène m’a réveillé et j’ai vu les secouristes ouvrir notre porte et nous demander d’évacuer», a raconté à l’AFP José Maria Silva, 59 ans.
«Nous avons vu plein de gens qui sortaient en courant, désespérés, et entendu les haut-parleurs qui disaient qu’un autre barrage risquait rompre», a décrit Sagner Miranda, un plombier de 29 ans. «Ceux qui n’avaient pas de voiture sont partis à pied, avec des sacs à dos, emportant tout ce qu’ils pouvaient. Il y avait des enfants, des personnes âgées», a-t-il ajouté.
La compagnie minière Vale a indiqué dans un communiqué avoir actionné les alarmes après avoir «détecté une hausse des niveaux de l’eau dans le barrage VI», structure qui fait partie de la mine Corrego do Feijao, dont le barrage I s’est rompu vendredi.
L’entreprise a souligné que le barrage VI «ne contient pas de déchets miniers», mais environ 3 à 4 millions de mètres cubes d’eau.
Pendant toute la journée de samedi, le ballet funèbre des hélicoptères était incessant, pour tenter de repérer le moindre signe de vie parmi les restes de bâtiments ou de véhicules.
Les secouristes ont retrouvé un autocar destiné aux salariés totalement englouti, avec plusieurs corps sans vie à l’intérieur, qui n’ont pas pu être extraits et n’ont pas encore été comptabilisés officiellement.
Le président Jair Bolsonaro, qui a survolé la zone samedi, a annoncé dimanche sur Twitter qu’une délégation de l’armée israélienne allait arriver sur place dans la journée pour porter main forte aux autorités locales, avec 140 hommes et 16 tonnes de matériel.
Un porte-parole des pompiers a expliqué qu’ils apporteraient des appareils munis de sonars capables de localiser des corps à grande profondeur, qui seront utilisés à partir de lundi.
L’État de Minas Gerais avait déjà été endeuillé en 2015 par la rupture d’un autre barrage minier près de Mariana, à 120 km de Brumadinho, qui avait fait 19 morts et causé un désastre environnemental sans précédent au Brésil.
Des centaines de kilomètres carrés avaient été submergés par un tsunami de boue, qui avait traversé deux États brésiliens et s’était répandu sur 650 kilomètres jusqu’à l’océan Atlantique à travers le lit du fleuve Rio Doce, l’un des plus importants du Brésil.
Pour Luiz Jardim Wanderley, spécialiste des mines à l’Université de l’État de Rio de Janeiro (UERJ), d’autres catastrophes de ce type pourraient avoir lieu à l’avenir. «C’est tout à fait possible que cela se reproduise. (…) Environ 10% des barrages n’ont pas leur stabilité assurée, ou il manque des informations sur leur état réel. Il reste un nombre assez élevé de barrages qui continuent à opérer sans les conditions de sécurité appropriées au Minas Gerais», a-t-il expliqué.