La première ministre Theresa May a annoncé mercredi qu’elle quitterait ses fonctions si son accord de Brexit était adopté, cédant aux appels de nombreux députés britanniques, y compris dans son propre camp, qui réclamaient son départ pour soutenir ce texte.
«Il y a le désir d’une nouvelle approche, d’un nouveau leadership» pour la prochaine phase des négociations du Brexit, qui doit déterminer la future relation du Royaume-Uni avec l’UE, a déclaré mercredi après-midi la dirigeante devant le «comité 1922», responsable de l’organisation interne des Tories, selon un communiqué de Downing Street.
«Je n’y ferai pas obstacle», a-t-elle ajouté.
En s’engageant ainsi à démissionner, Theresa May abat ce qui ressemble à sa dernière carte pour tenter de faire adopter le Traité de retrait de l’UE qu’elle a négocié pendant de longs mois avec Bruxelles.
Cet accord a déjà été rejeté à deux reprises par les députés britanniques, en janvier et à la mi-mars, poussant la dirigeante conservatrice à demander aux dirigeants de l’UE un report de la date du Brexit, fixé désormais au plus tôt au 12 avril.
La pression s’est considérablement accrue ces derniers jours sur Theresa May, nombre de députés, conservateurs notamment, mettant en balance leur soutien à cet accord en échange d’une démission.
Frustrés par le contenu du Traité de retrait, certains eurosceptiques réclament que la prochaine phase des négociations soit menée par une autre personne.
«Je suis prête à quitter ce poste plus tôt que prévu afin de faire ce qui est bon pour notre pays et notre parti», a ajouté Theresa May devant les députés conservateurs, auxquels elle avait déjà annoncé en décembre qu’elle ne mènerait pas la campagne pour les prochaines législatives, prévues en 2022.
Mme May a également appelé une nouvelle fois les Tories à «soutenir l’accord afin que nous puissions accomplir notre devoir historique, à savoir respecter la décision du peuple britannique de quitter l’Union européenne», prise lors du référendum du 23 juin 2016.
Cette annonce intervient alors que les députés s’apprêtaient à voter à partir de 19H00 GMT sur huit alternatives à cet accord de divorce, une initiative potentiellement susceptible de contrecarrer ses plans.
Parmi les options proposées par les élus figurent notamment une sortie sans accord, un renoncement au Brexit ou encore l’organisation d’un référendum sur l’accord de divorce qui sera choisi.
Ces votes «indicatifs» ne sont toutefois pas contraignants pour le gouvernement et Theresa May a signifié qu’elle s’opposerait au choix des députés s’il venait contredire les engagements de son Parti conservateur en faveur d’une sortie du marché unique et de l’union douanière européenne.
«L’objectif que nous devrions tous avoir est de mener à bien le Brexit», a martelé Mme May lors de la séance hebdomadaire de questions à la première ministre. «Et la manière de garantir le Brexit est de voter pour l’accord» de retrait conclu avec Bruxelles.
Cette prise de contrôle de l’agenda par le Parlement a conduit certains fervents Brexiters, dont Boris Johnson ou Jacob Rees-Mogg, président de l’European Research Group, un groupe influent de 60 à 85 députés partisans d’un Brexit sans concession, à annoncer qu’ils pourraient désormais soutenir l’accord de Mme May, de crainte que le Brexit n’ait finalement pas lieu.
Mais la partie n’est pas encore gagnée pour la première ministre: son allié au Parlement, le parti nord-irlandais DUP, a annoncé qu’il n’avait aucune intention de voter pour son accord «toxique».
Downing Street a répété mercredi que cet accord ne serait soumis à un nouveau vote qu’à la condition qu’il ait une chance «réaliste» d’être approuvé.
Les députés doivent aussi entériner le report de la date du Brexit, initialement prévu le 29 mars, après l’accord donné la semaine dernière par les dirigeants européens.
Les 27 ont laissé à Mme May le choix entre deux options. Soit l’accord est adopté et le report sera de courte durée, jusqu’au 22 mai. Soit l’accord est rejeté, et Londres aura jusqu’au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report, qui impliquerait la tenue d’élections européennes dans le pays fin mai.