Le leader nord-coréen Kim Jong Un a supervisé l’essai d’une nouvelle «arme tactique guidée», ont annoncé jeudi les médias d’Etat nord-coréens, alors que les doutes s’accumulent quant à l’avenir du processus de dénucléarisation de Pyongyang.
Cet essai a permis de vérifier le fonctionnement du «système particulier de guidage en vol et le chargement d’une puissante ogive», a affirmé l’agence officielle KCNA sans plus de détails.
Kim Jong Un a qualifié ce test d’«événement d’une très grande importance pour accroître la puissance de combat de l’Armée populaire» nord-coréenne, selon la même source.
Le leader a lui-même «guidé l’essai de tir» qui a été dirigé sur plusieurs cibles, a ajouté l’agence officielle.
C’est la deuxième fois que la Corée du Nord affirme avoir procédé à un essai d’arme depuis le début, en 2018, de ses négociations avec les États-Unis sur ses programmes de missiles balistiques et d’armement nucléaire.
Pyongyang avait déjà annoncé, en novembre dernier, avoir testé «une nouvelle arme tactique de haute technologie» dont elle n’avait pas précisé la nature. On ignore s’il s’agit de la même arme que celle du nouvel essai rendu public jeudi.
L’utilisation par KCNA du terme «tactique» suggère toutefois que ces essais n’ont impliqué aucun missile balistique de longue de portée ni aucun dispositif nucléaire.
«Kim tente de faire savoir au gouvernement de Trump que son potentiel militaire grandit jour après jour», a expliqué l’analyste Jarry Kazianis, du Center for the National Interest.
«Son régime commence à se sentir frustré par le manque de souplesse de Washington dans les récentes négociations», a-t-il ajouté.
L’annonce du nouvel essai intervient alors que le Center for Strategic and International Studies (CSIS), un centre de recherches américain, a fait état mercredi d’un regain d’activité à Yongbyon, le principal site nucléaire nord-coréen, signe d’une possible reprise par Pyongyang de son programme d’armement atomique après l’échec en février du sommet entre Kim Jong Un et le président américain Donald Trump.
Depuis cet échec, la Corée du Nord a indiqué qu’elle examinait ses options diplomatiques avec les États-Unis. Kim Jong Un s’est dit la semaine dernière ouvert à un troisième sommet avec M. Trump si Washington arrivait à la table des négociations avec «la bonne attitude».
Selon le CSIS, des images satellite prises le 12 avril montrent la présence de cinq wagons près de l’usine d’enrichissement d’uranium et du laboratoire de radiochimie du complexe nucléaire de Yongbyon.
«Par le passé, ces wagons spécialisés semblent avoir été associés au déplacement de matières radioactives ou aux campagnes de retraitement», a indiqué le centre basé à Washington.
La Corée du Nord s’est abstenue de procéder à de nouveaux tests balistiques ou nucléaires depuis le premier sommet entre MM. Trump et Kim en juin 2018 à Singapour.
Cette rencontre historique, survenue contre toute attente après des mois d’escalade militaire et d’échange d’insultes entre les deux dirigeants, avait abouti à un accord sur le désarmement nucléaire de la péninsule coréenne dont les termes étaient restés très vagues.
La deuxième rencontre, en février à Hanoï, s’était terminée de façon abrupte, sans la moindre avancée concrète ni même de déclaration.
Cette déconvenue avait soulevé des questions quant à l’avenir du processus. Au Vietnam, la Corée du Nord avait expliqué vouloir la levée des seules sanctions pesant sur les conditions de vie des Nord-Coréens. Mais les États-Unis avaient considéré que Pyongyang exigeait de fait la disparition des principales sanctions sans proposer grand chose de précis en retour.
Néanmoins, les deux camps avaient fait part de leur souhait de poursuivre les discussions.