Un journaliste travaillant pour une radio communautaire d’une zone de conflit dans le sud-ouest de la Colombie a été assassiné par des tueurs à gages se déplaçant à moto, ont annoncé mardi les autorités.
Libardo Montenegro, 42 ans, a été attaqué lundi soir alors qu’il se rendait à pied chez sa fiancée, dans la municipalité de Samaniego (Nariño), a précisé à l’AFP sous couvert d’anonymat une source du gouvernement de ce département frontalier de l’Équateur.
Selon le colonel William Peña, commandant de la police du Nariño, le journaliste a été visé par plusieurs coups de feu.
Les autorités n’ont pas communiqué d’information sur les responsables de cet homicide, ni s’il était lié au travail de la victime.
Libardo Montenegro, qui selon la police n’avait pas reçu de menaces, dirigeait l’émission d’information El Despertador, de la radio Samaniego Estereo, qui appartient au réseau des Radios communautaires pour la Paix et la Coexistence, appuyé par l’Union européenne (UE).
L’ambassadrice de l’UE en Colombie, Patricia Llombart, a condamné cet « assassinat ». « Nous espérons qu’avec sa voix ne s’éteigne pas l’effort d’une communauté qui lutte pour construire paix et coexistence », a ajouté la diplomate sur Twitter.
La municipalité de Samaniego était sous influence des Farc jusqu’à la signature de l’accord de paix de 2016, qui a abouti au désarmement de cette puissante guérilla et à sa transformation en partie politique.
Mais depuis, l’État n’est pas parvenu à reprendre le contrôle de cette zone, dont se disputent aujourd’hui le contrôle les rebelles de l’Armée de libération nationale (ELN) et des dissidents des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
Depuis le début de l’année, 14 personnes ont été assassinées à Samaniego, dont le 20 mai Paula Rosero, représentante locale du Défenseur du Peuple, entité publique de protection des droits humains, selon le gouvernement du Nariño. Ce département compte la plus grande superficie au monde de plantations de coca, matière première de la cocaïne.
La Fondation pour la liberté de la presse (FLIP) a également dénoncé l’assassinat de Libardo Montenegro dans un communiqué, et appelé le Parquet colombien à « envisager l’hypothèse de son travail de journaliste parmi les mobiles du crime ».
Depuis 2017, six journalistes ont été assassinés en Colombie, dont trois Équatoriens par des dissidents des Farc qui opèrent dans le Nariño, a rappelé la FLIP.