Des nids enjolivés
Quand on pense à un nid d’oiseau, on imagine généralement un amas de brindilles placées en forme de bol, haut perché dans un arbre. Et pourtant, ces refuges construits par les oiseaux sont d’une grande variété de formes et de matériaux. C’est ce que montre la photographe Sharon Beals dans son livre «Nests», dont les photos sont exposées à l’Académie nationale des sciences, à Washington jusqu’en mai 2014.
Questions et réponses avec Sharon Beals, photographe et écrivaine de 68 ans, de San Francisco
Que peuvent nous raconter les nids?
Ils nous donnent des indices sur l’environnement des oiseaux, selon les matériaux naturels et artificiels utilisés pour créer les nids. Ils peuvent aussi nous indiquer quand quel climat ils vivent : bâtissent-ils des forteresses ou se fient-ils à leurs alentours pour se protéger? Les plumes et les excréments peuvent contenir de L’ADN et les fragments de coquillage peuvent nous indiquer le taux de toxicité de l’environnement.
Il y a des oiseaux qui construisent avec de la boue, qui creusent des tunnels, qui tissent des paniers suspendus ou des bols entre les branches, cousent des feuilles ensemble, empilent des brindilles ou collent avec de la salive. Les matériaux eux-mêmes nous en disent beaucoup.
Peut-on comparer le talent des oiseaux dans la construction de leur nid?
Quand il vient le temps de procréer, les oiseaux vont faire tout ce qu’ils peuvent pour assurer la protection de leurs œufs. Par exemple, la Sterne caspienne ajoute peu d’éléments pratiques à son nid, les œufs arborant déjà un camouflage parfait. Le Mégapode, quant à lui, utilise du compost pour incuber ses œufs.
Selon vous, qui est le bâtisseur le plus intéressant?
Je crois que c’est la Mésange à longue queue de Chine. Une paire de ces oiseaux prend un mois à collectionner plus de 3 000 morceaux de mousse végétale, de toiles d’araignée et de la soie d’environ 600 cocons d’araignées. Le couple appuie sur ces matériaux pour qu’ils s’accrochent fermement et qu’ils forment un dôme en forme d’œuf solide, mais souple. Puis, il isole le nid avec des plumes, entre 1 500 et 2 000, qui prennent plus de 45 km de vol à amasser. Le tout est ensuite rendu invisible aux prédateurs avec environ 3 000 morceaux de lichen.
Que signifie pour vous la photographie de nids?
C’est difficile à expliquer, mais quand je vois tous les détails de ces nids enjolivés, je me sens satisfaite par leur harmonie, leurs couleurs et leur forme.