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Congo: la guerre d’un sculpteur pacifiste

Julie Hainaut - Éthiques et Sociétés

Dénoncer, aider, humaniser : tels sont les maîtres mots du sculpteur congolais Freddy Tsimba, qui a fait de la lutte contre la souffrance humaine son cheval de bataille. Le Congolais Freddy Tsimba est révolté. Contre les viols, la guerre, le manque de liberté de la presse, la déforestation, l’extrémisme des religions, les enfants-soldats, les exodes forcés, l’intolérance… Contre la violence humaine.

Cet artiste pacifiste a décidé d’exprimer sa haine de la souffrance dans des sculptures hors normes créées à partir d’objets recyclés. Les douilles de cartouche révèlent la violence. Les bobines de film usagées témoignent de la vie qui passe. Les couverts usés disent la famine. Les machettes expriment les génocides. Les menottes révèlent le musellement des médias.

Chaque sculpture exorcise, en quelque sorte, une peine. Comme cette femme enceinte en train de se faire violer par un soldat, ce couple fuyant la guerre à bord d’une moto, ces hommes dos au mur empêchés de se déplacer ou encore ces femmes brûlées et éventrées. Volontairement provocatrices, ses sculptures – dont la plupart n’ont pas de tête – indiquent du doigt l’horreur des tragédies nées de la guerre et remettent en question l’humanité.

Clés élimées, vieilles fourchettes, boîtes de conserve défraîchies et autres objets récupérés s’entassent dans son atelier du quartier Matonge, à Kinshasa. «Dès que je vois un objet dans la rue, je le prends, j’en ferai toujours quelque chose» confie le plasticien de 43 ans, l’un des parrains de l’ONG Le Centre Monseigneur Munzihir-wa, qui aide à la réintégration familiale des enfants abandonnés de la capitale congolaise.

«Les enfants de cette ONG m’aident à récupérer des objets dans les rues de Kinshasa, explique-t-il. En contrepartie, je paie la scolarité, les livres, la nourriture et les soins médicaux de trois de ces enfants. Pour le reste du groupe – une quarantaine environ –, j’apporte à manger au Centre dès que je vends une œuvre.»

«Je souhaite donner un peu d’espoir à ces jeunes», fait valoir ce médaillé d’argent en sculptu-re des Jeux de la francophonie d’Ottawa, tenus en 2004.

freddytsimba.wordpress.com

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