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Le Mexique, une plaie ouverte

À côté du volcan politique qui secoue tout le Mexique, le Popocatepetl, malgré ses laves quotidiennes, a l’air endormi. Les Mexicains ne décolèrent pas. Où sont les 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre? Ont-ils été tués avec la complicité de narcotrafiquants?

Même le Zocalo, quotidien qui refusait de couvrir, pour des raisons de sécurité, toute actualité liée aux cartels de la drogue, se pose des questions. Dans un pays où une centaine de journalistes ont été abattus ces 14 dernières années, il vaut mieux ne pas être trop curieux.

Difficile cependant de ne pas s’interroger sur le sort des jeunes disparus, malgré une certaine accoutumance à la violence. Au moins 80 000 personnes ont été tuées ces 6 dernières années. Têtes coupées à la machette, corps démembrés jetés sur la voie publique pour frapper les esprits… Le Mexique est une plaie ouverte. Il se classe au cinquième rang des pays les plus meurtriers au sud du Rio Grande, après le Honduras, le Salvador, le Guatemala et la Colombie.

L’absence d’un véritable État de droit, la corruption institutionnelle, les grandes inégalités (il y a 12 milliardaires et 60% de la population vit avec moins de 3$ par jour), sont des incubateurs de la violence.

Sans compter la guerre sans merci que se livrent les sept cartels pour acheminer tous les ans au moins 500 tonnes de cocaïne aux États-Unis, premier consommateur mondial de cette drogue. Le Mexique d’aujourd’hui, c’est un peu la Colombie des années 1980 sous Pablo Escobar, le grand baron de la drogue abattu en 1993.

C’est contre la «colombisation» de leur pays que manifestent les Mexicains. Ils ont la peur au ventre, mais ne veulent plus rester muets. La disparition des 43 étudiants, dans l’État de Guerrero, connu mondialement pour sa station balnéaire Acapulco, leur donne la voix qu’ils cherchaient pour exprimer leur colère.

Ils en ont assez. ¡Basta! Ils ne s’enflamment pas qu’en paroles. Leurs manifestations sont de plus en plus violentes. Elles sont sans doute les plus importantes depuis le 2 octobre 1968, année du massacre de centaines d’étudiants par l’armée à Mexico, une dizaine de jours avant l’ouverture des Jeux olympiques.

Les Mexicains ont beau descendre dans la rue, ne plus rester les bras croisés face à la violence, se dire que la disparition des 43 jeunes est l’affaire de trop, rien ne changera. Certes, le président Enrique Peña Nieto ne gouverne pas qu’avec de beaux discours. Depuis son élection il y a deux ans, il agit. El Chapo, l’un des grands barons de la drogue, a été arrêté. Une centaine d’autres narcos ont été capturés ou abattus. Mais ils sont aussitôt remplacés par de nouveaux capos. Tous s’appuient sur des responsables locaux qui se comportent comme des seigneurs féodaux, protégés par les forces policières.

Les Mexicains sont en colère. Leur pays est bel et bien devenu un narco-État.

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