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Attentat contre Charlie Hebdo: les actes anti-musulmans se multiplient

Impacts de balles, inscriptions racistes, tête de porc accrochée à une porte: différents lieux de culte musulmans en France ont été de nouveau pris pour cible dans la nuit de jeudi à vendredi, moins de 48 heures après l’attentat meurtrier contre Charlie Hebdo.

Avec la peur d’autres attentats et d’un climat de « guerre », c’est l’autre grande peur, et peut-être la plus réelle : que ne s’installe en France un climat d’islamophobie encore plus dur que celui qui prévalait jusque là et que les actes anti-musulmans explosent. Nous avons listé ici les principales manifestations et signes d’islamophobie recueillis depuis la tuerie à Charlie Hebdo.

Des mosquées attaquées
Ce sont d’abord des mosquées, ou leurs abord, qui sont pris pour cible. Ainsi dans la nuit de jeudi à vendredi, le portail d’entrée de la mosquée de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) a été recouvert de tags haineux. Les auteurs de ce vandalisme ont écrit le mot « charliberté » et plus loin, sur une poubelle et un mur voisin, étaient inscrits les mots »assassins » et « sales arabes », selon Sud Ouest. A Corte, en Corse, une tête de sanglier et des viscères ont été découverts ce vendredi matin sur la porte d’entrée du lieu de culte musulman, selon Corse Matin. A Rennes (Ille-et-Vilaine), un centre culturel islamique a été tagué dans la même nuit. Les inscriptions en breton et en français disaient « dehors », selon Ouest France.

A Poitiers (Vienne), le tag « Mort aux Arabes » a été vu sur la mosquée selon Centre presse. Un acte à relativiser tout de même puisque l’auteur s’est excusé et dit avoir agi sur le coup de l’émotion et de l’alcool. Le même sort a été réservée à la mosquée de Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire), où l’on pouvait lire « Charlie » et « Sale arabe ».

A Vendôme (Loir-et-Cher), des impacts de balles ont été relevés sur les portes de la mosquée ainsi que dans la vitrine d’un tabac-presse, « probablement durant la nuit », selon le site de France 3 Centre. Enfin des tirs ont eu lieu contre la salle de prière musulmane à Saint Juéry, dans le Tarn. Selon les sites de France 3 Sud et la Dépêche du Midi, au moins quatre coups de feu ont été tirés contre le lieu. A Aix-les-Bains (Savoie), l’incendie d’une mosquée dans la nuit de jeudi à vendredi, dans un premier temps considéré comme accidentel, serait finalement d’origine criminelle selon le procureur de Chambéry. Un autre lieu de culte, à Châlons-sur-Saône, a également été tagué.

Jeudi, c’est une mosquée du Mans (Sarthe) et une salle de prière de Port-la-Nouvelle (Aude) qui ont été prises pour cible dans la nuit, comme vous le rapportait Metronews. Le même jour, une explosion s’est produite devant un snack kebab de Villefranche-sur-Saône (Rhône), situé à côté de la mosquée de la ville, et dont les murs appartiennent au lieu de culte.

Un lycéen agressé
Un lycéen de 17 ans, d’origine maghrébine, a été frappé jeudi par un groupe de quatre ou cinq personnes à Bourgoin-Jallieu (Isère), en marge de la minute de silence observée devant son lycée. Le jeune homme a d’abord essuyé des injures racistes avant d’être roué de coups en marge de l’hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo, selon la même source, confirmant une information du Dauphiné Libéré. Il a porté plainte et s’est vu prescrire trois jours d’interruption temporaire de travail (ITT) par un médecin. Une enquête a été ouverte afin de retrouver ses agresseurs.

Des témoignages hostiles
Depuis qu’a eu lieu la tuerie de Charlie hebdo, un certain nombre de personnes ne retiennent plus leurs reproches. Sondés à travers différents reportages, commentaires, témoignages, ces propos renvoient tous à un “ils” qui serait opposé à un “nous”, comme l’a noté la journaliste Florence Aubenas dans Le Monde. “On croirait qu’ils sont d’accord avec ceux qui nous tuent”, se plaint une dame dans les colonnes du journal du soir.

Mais, pour terminer sur une note positive, les témoignages de solidarité sont aussi très nombreux. L’Observatoire de la laïcité auprès du Premier ministre a appelé « l’ensemble de la population, mais aussi de la classe politique et médiatique, à ne pas tomber (…) dans le piège politique tendu par ce terrorisme abject. Piège destiné à créer un fossé entre les Français musulmans et les autres citoyens ».

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