Monde

L’apocalypse, dans trois minutes

Cinq, quatre, trois, deux, un… Le compte à rebours de la fin du monde s’accélère sur l’horloge de l’apocalypse.

Il est désormais minuit moins trois. Cette année, les regains de tension nucléaire ont fait avancer de deux minutes les aiguilles du cadran.

Tic-tac, tic-tac… Dramatiser pour capter l’attention d’un public ne sachant plus où donner de la tête dans un monde médiatique avide de catastrophes et déchiré entre les médias traditionnels et les réseaux sociaux est de bonne guerre, mais…

L’heure est-elle si grave pour l’humanité à qui l’on prédit sa fin depuis la nuit des temps? Oui, répond sans ambages le Bulletin of the Atomic Scientists (BAS), une association américaine fondée en 1945 et qui compte une vingtaine de prix Nobel.

Sa pendule de la fin du monde est bien sûr symbolique. Tous les ans, elle cherche à donner l’heure juste sur les soubresauts géopolitiques du monde. Ses aiguilles ont été avancées ou reculées 18 fois depuis la création de l’horloge en 1947 par les scientifiques ayant plongé l’humanité dans l’ère nucléaire. Elle n’a jamais été aussi proche de minuit depuis 1984 au moment le plus tendu des relations américano-soviétiques.

Malgré la fin de la guerre froide (l’horloge indiquait alors minuit moins 17 minutes en 1991), le péril atomique menace toujours. Les États-Unis et la Russie ont détruit des milliers d’armes nucléaires, mais il leur en resterait encore 20 000 à eux deux. Certes, les essais nucléaires se font rares, les bombes russes de type Tsar (57 mégatonnes, l’arme la plus puissante jamais utilisée dans l’histoire de l’humanité) ne sont plus construites, mais… L’option «zéro» arme nucléaire n’est pas pour demain.

De plus, ces dernières années, Washington et Moscou, dont les relations ne sont pas au beau fixe, «se sont lancés dans des programmes massifs de modernisation de leurs «triades» [aériennes, terrestres, sous-marines] nucléaires, compromettant ainsi les traités existants sur les armes nucléaires», note le BAS dans son rapport publié jeudi à Washington.

Parallèlement, des doutes persistent sur la nature du programme atomique iranien, et la Corée du Nord menace régulièrement les États-Unis de son feu nucléaire.

Comme si cela ne suffisait pas, le BAS tire également la sonnette d’alarme sur l’environnement. Le cataclysme écologique n’est plus une vue de l’esprit, à cause du «réchauffement climatique incontrôlé».

Alors? Tous aux abris? Les quatre cavaliers de l’Apocalypse se rapprochent au galop. Pour l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, «nous sommes des somnambules qui marchent vers la catastrophe».

Tout cela est vrai. Mais, comme le rappelait le poète allemand Friedrich Hölderin (1770-1843), «là où croît le péril croît aussi ce qui sauve».

Cela a toujours été l’histoire de l’humanité.

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