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Ce n’est pas beau de mentir…

Un journaliste, c’est bien connu, ne vaut pas plus que son dernier reportage. Celui de Brian Williams en Irak est venu le hanter 12 ans plus tard. Et pour cause…

Depuis 2003, le présentateur vedette du téléjournal le plus regardé aux États-Unis (9,3 millions de téléspectateurs) répétait sur tous les toits un «glorieux fait d’armes» dans l’ex-pays de Saddam Hussein.

L’hélicoptère à bord duquel il se trouvait avait été attaqué au lance-roquette. Mais voilà, il n’était pas à bord.

«J’étais plutôt dans l’appareil qui suivait. Je ne sais pas ce qui a disjoncté dans mon esprit pour confondre les deux appareils», a platement dit Williams. Il aura fallu les témoignages d’anciens combattants, n’en pouvant plus d’entendre pérorer la grande vedette médiatique, pour mettre fin à son affabulation et peut-être à sa carrière.

Le chef d’antenne de NBC a beau avoir présenté ses excuses toute la semaine dernière, il n’a pas convaincu. Samedi, il a fini par annoncer qu’il se retirait des ondes pendant quelques jours.

Williams, 55 ans, promet de reprendre son poste. Comme si de rien n’était. Il est payé 10 M$US annuellement pour présenter tous les soirs son téléjournal.

Mais l’icône est tombée de son piédestal. Elle est désormais sur un siège éjectable… si la crédibilité journalistique veut encore dire quelque chose. Un peu partout elle est mise à mal à cause de journalistes prenant des libertés avec les faits. Williams, lui, a tordu la vérité pour son autoglorification. Et dire que le magazine Time le considérait comme l’une des 100 personnalités les plus influentes dans le monde… Les réseaux sociaux, eux, se délectent en montrant «Lyin’ Brian» sur la Lune couvrant les premiers pas de Neil Armstrong en 1969, ou encore le naufrage du Titanic en 1912.

Un mensonge n’arrive jamais seul et le New Orleans Advocate se questionne à présent sur les reportages de Williams lors de l’ouragan Katrina, en 2005. Il avait alors rapporté avoir vu des corps flotter dans le quartier français de la métropole louisianaise et cela est faux, note le quotidien centenaire, car cette partie de la ville n’avait pas été inondée.

Son mensonge irakien est un autre coup dur pour les médias américains. «Je ne crois pas que beaucoup de gens nous tiennent en haute estime. Nous devrions donc éviter de faire quoi que ce soit qui conforte la mauvaise opinion qu’ils ont de nous!» explique Paul Farhi, du Washington Post. [échange de courriels]

Seulement 40% des Américains interrogés par Gallup en septembre disent avoir encore confiance en leurs médias pour les informer de façon «complète, précise et juste».

Brian Williams a «survécu» à un missile en Irak et seule la publicité décidera s’il sortira indemne de l’incendie qu’il a déclenché. Car quand la crédibilité d’une mégastar journalistique fond comme neige au soleil, les millions qu’il rapporte en publicité se liquéfient aussi.

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