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«Le règne de Poutine ne durera pas encore six ans» – Alexey Navalny

Elisabeth Braw - Metro World News

Alors que Vladimir Poutine entame un nouveau mandat de six ans, des manifestations sont encore à prévoir en Russie. Poutine a gagné les élections présidentielles, mais Alexey Navalny, jeune avocat opposé à la corruption, pourrait contribuer à le renverser.

Alexey Navalny s’est donné une mission titanesque : révéler l’étendue de la corruption en Russie. Après tout, ce pays est en queue de peloton de l’Indice de perception de la corruption de Transparency International. Mais les Russes en ont assez de cette problématique, qui pourrait être fatale au président, a noté Alexey Navalny durant une entrevue qu’il a accordée à Métro.

Vladimir Poutine a de nouveau été élu président. Est-ce que cela mettra fin à vos actions et à celles de ses autres opposants?
Nous ne devrions pas parler d’élections. C’était une procédure par laquelle Poutine s’est autoproclamé comme une sorte d’empereur de Russie. Notre but premier, maintenant, c’est de forcer le gouvernement à déclencher de nouvelles élections. Je suis persuadé que dans le cadre d’élections justes, M. Poutine serait défait.

Pourquoi?
Pour résumer la situation, parmi les gens qui ont eu l’occasion de se présenter aux dernières élections, il était résolument le candidat le plus populaire. Mais c’est comme si un gars qui veut gagner un championnat du monde disait : «Je n’accepte de me battre que contre tel et tel opposant», lesquels sont tous de vieux athlètes. Je ne dis pas que Poutine n’est pas populaire du tout. Mais il y a trop d’histoires de corruption liées à ce gouvernement, qui s’ajoutent aux histoires personnelles de corruption de Vladimir Poutine. Cela compromet ses appuis.

Existe-t-il une solution de rechange crédible à Vladimir Poutine?

C’est notre problème. Il n’y a personne dont nous pourrions dire : «Nous voulons cette personne plutôt que Poutine.» À l’évidence, c’est le résultat du règne de cet homme au cours de la dernière décennie. Cependant, de nombreux nouveaux visages pourraient devenir des leaders politiques. En outre, on pourrait instaurer des primaires, ce qui nous permettrait d’avoir des élections plus honnêtes. Ces primaires seraient ouvertes à tous. De cette façon, les meilleurs candidats seraient élus par la population plutôt que d’être nommés par un parti politique.

Vous percevez-vous comme un politicien ou un avocat militant?

Je me vois comme un avocat qui se bat contre la corruption dans les entreprises contrôlées par l’État. Mais je dois aussi être un politicien, car on ne peut combattre la corruption sans s’impliquer politiquement. Des gens corrompus se trouvent également dans les bureaux des procureurs. Comment peut-on s’imaginer que ces procureurs corrompus se poursuivront eux-mêmes? C’est pourquoi je dois utiliser la politique. Amener les gens malhonnêtes devant la justice en mettant au jour leurs agissements est la façon la plus efficace d’atteindre mon objectif, qui est de réduire la corruption dans notre pays.

Les Russes sont-ils vraiment préoccupés par la corruption?
C’est l’enjeu qui retient le plus l’attention en Russie actuellement. Oui, il fut une période où la corruption a été banalisée. Tout était basé sur les pots-de-vin. On dit souvent que les pots-de-vin font partie de la culture russe, mais je crois que ça n’a pas de sens. Les gens comprennent que ce système est à la fois mauvais et inefficace. D’autres pays ont connu la corruption. La Géorgie, qui semblait désespérément corrompue, a décidé de s’y attaquer et a obtenu de très bons résultats. Poutine et Medvedev ont dit qu’ils s’attaqueraient à la corruption, mais ç’a été un échec. Pourquoi? Parce qu’ils étaient eux-mêmes entourés de personnes corrompues.

Si la Russie décidait d’enrayer la corruption, combien de politiciens resterait-il?
Il y a beaucoup de politiciens honnêtes en Russie. Hélas, ils n’occupent pas des postes importants, parce qu’il y a une sorte de sélection négative : si tu es honnête, tu n’as pas de promotion. Mais il reste qu’aux échelons inférieurs, on trouve beaucoup de personnes honnêtes, qui ne s’esclaffent pas quand on leur parle d’éthique, de transparence et de conflits d’intérêts.

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