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Les prix du pétrole vont rejouer au yoyo

Cent cinquante-neuf litres.Voilà ce que contient un baril de pétrole. Son prix fluctue selon l’offre et la demande. Il sursaute à la moindre guerre et flambe toujours quand éclate un conflit explosif sur le plan géostratégique.

Le Yémen est un producteur lilliputien d’or noir: tout au plus 130 000 barils par jour. Cependant, il contrôle l’accès au détroit de Bab-el-Mandeb («la porte des larmes»), où 
transitent quotidiennement quatre millions de barils.

La voie d’eau de 40 km de large, d’où est acheminé près de 30% du pétrole brut mondial, conduit au canal de Suez. Elle pourrait être bloquée. Le Yémen est en proie à la guerre civile. Depuis jeudi, l’Arabie saoudite, sa grande voisine, mène des raids aériens pour en finir avec les Houthis, les rebelles chiites financés et armés par l’Iran.

Depuis juin, sous l’effet de la surabondance de l’offre et d’une demande anémique, le baril a perdu plus de 50 % de sa valeur. Il remonte lentement. Plus rapidement, il est vrai, à la pompe.

Si les guerres en Irak, en Syrie et en Libye ont eu très peu d’impact sur les cours pétroliers, il en sera autrement avec «Tempête de la fermeté», la coalition arabe dirigée par Riyad et soutenue sur le plan logistique par Washington.

Les prix vont sans doute rejouer au yoyo. Ils baisseront s’il y a un accord nucléaire américano-iranien dans les prochaines heures, mais finiront par remonter à cause du conflit au Yémen. Celui-ci sera long. Surtout si les bombardements aériens actuels sont suivis d’une intervention terrestre.

Commencée en Irak et en Syrie, la guerre par procuration entre Riyad et Téhéran se poursuit désormais au Yémen, arrière-cour de l’Arabie saoudite.

Comment réagiront alors le groupe État islamique (EI) qui, le 20 mars, revendiquait ses premières attaques meurtrières au Yémen, et son rival Al-Qaïda bien implanté dans le sud-est de la péninsule où a vu le jour Oussama ben Laden?

Pour compliquer le tout, l’Arabie saoudite compte un million de Yéménites dont bon nombre appartiendraient à la même mouvance 
idéologique que les Houthis. 
Resteront-ils les bras croisés? Et que feront les chiites majoritaires dans la province du Hasa, où se trouve une grande partie des ressources pétrolières de l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial?

Chacun voudra avancer ses pions sur un échiquier lourdement miné.

En attendant, la nervosité regagne les marchés pétroliers. Lors des printemps arabes, le prix du baril avait grimpé de 30% entre février et avril 2011. De combien augmentera-t-il avec la guerre qui commence dans le pays le plus pauvre de la région, longtemps surnommé l’«Arabie heureuse»?

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