Qu’importe que les dessins dont il orne les «unes» du «Monde» lui valent des menaces de mort : Jean Plantu continue de consacrer ses encres à la paix, convaincu que l’ouverture à l’Autre permettra, un jour, de tracer le contour d’un monde plus tolérant.
«On peut rire de tout en France… mais pas avec n’importe qui» : ce mot de l’humoriste français Pierre Desproges, Plantu aime le répéter, lui qui s’implique depuis 10 ans dans l’association Dessins pour la paix, une sorte d’internationale des caricaturistes de presse vouée à la promotion du vivre-ensemble.
«Il faut aller au bout de nos convictions, sans rien lâcher. Mais il faut avoir conscience que nos dessins peuvent être vus par des gens à 10 000 km de nous ou par des gens au coin de la rue – qui ont parfois des kalachnikovs.» -Jean Plantu, caricaturiste au journal Le Monde, expliquant ce que l’arrivée de l’internet et du djihadisme a changé pour les dessinateurs de presse
Le massacre dont a été victime l’hebdomadaire satirique a bien sûr ébranlé les communautés – celle des dessinateurs de presse sans doute davantage que les autres. Sans pour autant faire vaciller le dévouement de Plantu envers les droits humains.
«Quand un enfant est violé dans une sacristie ou qu’une femme est mutilée au Soudan, je me fiche de savoir la religion de leur agresseur, affirme le caricaturiste. C’est une atteinte aux droits de la personne, et je fais le dessin que je dois faire pour le dénoncer.»
«Notre richesse réside dans nos différences, alors qu’on cesse d’apprendre la haine de l’Autre, partout. Dessins pour la paix, c’est notre petit grain de sable pour montrer aux gens comment désapprendre l’intolérance», conclut Plantu.
Libérons les crayons
Conférence gratuite de Jean Plantu suivie par le documentaire «Caricaturistes, fantassins de la démocratie»
Cinémathèque québécoise
Mercredi 18 h