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Plantu: De l’encre pour «désapprendre l’intolérance»

Qu’importe que les dessins dont il orne les «unes» du «Monde» lui valent des menaces de mort : Jean Plantu continue de consacrer ses encres à la paix, convaincu que l’ouverture à l’Autre permettra, un jour, de tracer le contour d’un monde plus tolérant.

«On peut rire de tout en France… mais pas avec n’importe qui» : ce mot de l’humoriste français Pierre Desproges, Plantu aime le répéter, lui qui s’implique depuis 10 ans dans l’association Dessins pour la paix, une sorte d’internationale des caricaturistes de presse vouée à la promotion du vivre-ensemble.

«Il y a des gens qui ne comprennent pas certaines choses. Des jeunes, dans les écoles, qui me disent : ce qui est arrivé à vos amis de Charlie Hebdo, c’était bien mérité. Depuis 10 ans, nous allons les voir pour leur parler. Il faut libérer la parole de ces jeunes qui ne se sentent pas toujours autorisés à s’exprimer. Je leur dis : “Que tu sois Charlie ou pas, on s’en fout. Mais parlons-en.” À partir de là, tout est possible. Il faut aller rencontrer les gens qui sont en dérive. Et leur expliquer que personne, chez Charlie Hebdo, ne s’est jamais levé un matin pour aller humilier qui que ce soit.»

«Il faut aller au bout de nos convictions, sans rien lâcher. Mais il faut avoir conscience que nos dessins peuvent être vus par des gens à 10 000 km de nous ou par des gens au coin de la rue – qui ont parfois des kalachnikovs.» -Jean Plantu, caricaturiste au journal Le Monde, expliquant ce que l’arrivée de l’internet et du djihadisme a changé pour les dessinateurs de presse

Le massacre dont a été victime l’hebdomadaire satirique a bien sûr ébranlé les communautés – celle des dessinateurs de presse sans doute davantage que les autres. Sans pour autant faire vaciller le dévouement de Plantu envers les droits humains.

«Quand un enfant est violé dans une sacristie ou qu’une femme est mutilée au Soudan, je me fiche de savoir la religion de leur agresseur, affirme le caricaturiste. C’est une atteinte aux droits de la personne, et je fais le dessin que je dois faire pour le dénoncer.»

«Notre richesse réside dans nos différences, alors qu’on cesse d’apprendre la haine de l’Autre, partout. Dessins pour la paix, c’est notre petit grain de sable pour montrer aux gens comment désapprendre l’intolérance», conclut Plantu.
Libérons les crayons
Conférence gratuite de Jean Plantu suivie par le documentaire «Caricaturistes, fantassins de la démocratie»
Cinémathèque québécoise
Mercredi 18 h

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