Le ton était acrimonieux et la cordialité, bel et bien chose du passé, jeudi soir entre Hillary Clinton et Bernie Sanders, alors que le dernier débat opposant les candidats à l’investiture démocrate avait lieu, cinq jours avant l’importante primaire de New York.
Le face-à-face n’avait pas entamé sa dixième minute que, déjà, les deux rivaux donnaient du fil à retordre aux modérateurs de CNN, se coupant la parole au milieu des huées et des hourras du public.
«Est-ce que la secrétaire Clinton a l’expérience nécessaire pour devenir présidente? Oui, bien sûr», a lancé M. Sanders, avant de jeter un peu d’acide dans ce miel en ajoutant : «C’est son jugement que je questionne.» Il a notamment reproché à l’ancienne sénatrice de l’État de New York d’avoir voté pour la guerre en Irak.
«On m’a critiquée bien des fois dans ma vie, mais quand M. Sanders dit que je suis non qualifiée, ça, c’est une première», a répliqué sa rivale.
Les affrontements ont aussi, par moments, impliqué le public.
«Ce que je dis est vrai, que ça vous plaise ou non», a lancé l’ancienne secrétaire d’État, un tantinet arrogante, à l’endroit d’un partisan de M. Sanders qui la chahutait.
La soirée a mal commencé pour le sénateur du Vermont, qui n’a su offrir qu’une réponse floue lorsqu’il lui a été demandé de présenter un moment, dans le parcours de Mme Clinton, où elle aurait été influencée par ses donateurs, comme il l’accuse à l’envie.
La favorite n’a quant à elle pas su convaincre lorsque les trois discours qu’elle a donnés devant la firme Goldman Sachs contre 675 000 $ ont été mis sur la table.
«S’il n’y a rien d’incriminant dans ces discours, pourquoi refuser de les rendre publics?» a demandé une modératrice.
«Ce n’est pas seulement une attaque contre moi, c’est une attaque contre le président Obama.» -Hillary Clinton, rappelant que les dons de
Wall Street recueillis par M. Obama en 2008 ne l’avaient pas empêché de réguler la finance.
«Je le ferai quand tout le monde le fera», s’est défendue Mme Clinton, permettant à M. Sanders de répliquer en disant que lui n’avait aucun discours à cacher, puisqu’il n’en a jamais fait pour Wall Street.
La question des Panama Papers a également laissé entrevoir les contrastes qui existent entre les deux candidats en ce qui a trait à la régulation de la finance.
«Aucune banque n’est trop importante pour faire faillite!» a affirmé Mme Clinton, rappelant qu’elle avait averti les firmes de Wall Street qu’elles menaient l’économie à la catastrophe avant le krach de 2008.
Un fait d’armes qui n’a visiblement pas impressionné son rival : «Oh mon Dieu, [elles] ont dû être vraiment repentantes après cela!» Il a ajouté que le problème du système financier était qu’au contraire «les banques sont trop importantes pour faire faillite». M. Sanders a indiqué qu’il limiterait la taille de celles-ci s’il obtenait les clés de la Maison-Blanche.
«Avant que cet enjeu soit à la mode, Bernie Sanders proposait de bannir les armes d’assaut.» -Bernie Sanders, dans un segment
portant sur la régulation des armes à feu
Les deux candidats se sont également engagés à augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure s’ils prenaient le pouvoir – une occasion pour M. Sanders de rappeler que sa rivale s’était engagée à l’augmenter à 12 $ l’heure en début de campagne.
«L’histoire dépasse Mme Clinton», a-t-il ricané, évoquant le mouvement de protestation syndicale qui a émergé pendant la course à l’investiture.
