Société

Une femme sur quatre dit avoir été victime de comportements sexualisés au travail

Au Canada, 25% des femmes et 17% des hommes disent avoir été personnellement la cible de comportements sexualisés dans leur milieu de travail au cours de l’année 2019. Et quels sont les boulots où ces comportements sont le plus fréquents? Les professions historiquement à prédominance masculine.

Ces résultats sont fondés sur les données de l’Enquête sur les inconduites sexuelles au travail (EIST) menée pour la première fois en 2020 par Statistiques Canada.

Statistiques Canada a sondé des personnes de 15 ans et plus, qui ont travaillé au cours de leur vie, et qui habitent dans les provinces du Canada. Au total, 12 138 personnes ont répondu à l’enquête en ligne ou par téléphone entre février et juin 2020. Le taux de réponse global a été d’environ 29%.

On entend par comportements sexualisés des communications verbales ou non verbales inappropriées, des comportements liés à du matériel sexuellement explicite ainsi que des attouchements non désirés ou des relations sexuelles suggérées.

Les communications inappropriées, comportement le plus fréquent

La plus fréquente des trois catégories de comportements sexualisés est celle des communications inappropriées qui comprennent les blagues à caractère sexuel, les attentions sexuelles non désirées, les commentaires à caractère sexuel inappropriés et les discussions inappropriées au sujet de la vie sexuelle.

Environ 4 hommes sur 10 (39%) et environ 4 femmes sur 10 (36%) ont été la cible ou ont été témoins de blagues à caractère sexuel en milieu de travail.

À l’exception des blagues à caractère sexuel, toutes les autres formes de communications inappropriées ont été plus souvent observées ou subies par les travailleuses. Par exemple, les attentions sexuelles non désirées ciblaient deux fois plus les femmes (16%) que les hommes (8%).

Chez les femmes, les expériences personnelles de comportements sexualisés inappropriés vécues étaient les plus répandues parmi celles qui exerçaient certaines professions historiquement à prédominance masculine.

Près de la moitié (47%) des femmes travaillant dans les métiers, le transport, la machinerie et les domaines apparentés ont subi ces comportements au travail au cours de l’année précédant l’enquête, soit 2019.

Impacts de la COVID-19

Les résultats de l’enquête concernent une période antérieure à la pandémie de COVID‐19. Or, la crise sanitaire a radicalement changé la façon de travailler pour un grand nombre de Canadiens. 

Dans ce contexte et en prévision de l’avenir, de nombreux milieux de travail passent au travail à distance et s’appuient de plus en plus sur les communications technologiques.

Comparativement aux incidents qui se sont produits en personne, ceux qui se sont produits en ligne ou au téléphone étaient relativement rares, soit 2% pour les hommes et 3% pour les femmes.

Des effets collatéraux de la COVID-19 sur les femmes

Si le travail à distance semble avoir permis de diminuer les incidents de comportements sexualisés inappropriés au travail, la pandémie de COVID-19 a toutefois eu d’autres effets néfastes sur les femmes. 

Selon une revue des impacts menée par une équipe de recherche du Centre interdisciplinaire de développement international en santé (CIDIS) de l’Université de Sherbrooke, des reculs importants ont été observés concernant l’accès aux méthodes contraceptives, à l’avortement et aux soins en matière de santé sexuelle.

Dans la foulée de la mise en place de mesures sanitaires comme le confinement et les périodes de quarantaine, les chaînes d’approvisionnement de produits contraceptifs ont connu des périodes d’interruption, engendrant des retards et des ruptures de stocks.

En effet, plus de 7 pays sur 10 ont vu l’accès à ces services perturbé. Plus de 47 millions de femmes provenant de 114 pays à revenus faibles et intermédiaires n’ont pu avoir accès à des contraceptifs. 

De plus, la réduction de l’accès aux soins de santé en matière de sexualité et de reproduction a eu pour effet d’augmenter considérablement le nombre de grossesses précoces dans le monde. 

Puisque l’accès à l’avortement était jugé «non essentiel» durant la pandémie de COVID-19, celui-ci s’est vu considérablement limité dans bon nombre de pays.

Par ailleurs, une augmentation des violences sexuelles envers les femmes et les enfants s’ajoute aussi aux effets collatéraux de la crise sanitaire. En Europe et au Canada, une augmentation de 30% à 33% des cas de violences domestiques et de demandes pour des foyers d’hébergement d’urgence a été observée.

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