James Jones, un Londonien de 12 ans, écrit les mots de vocabulaire qu’il doit apprenÂdre à la main. «Il les retient beaucoup plus facilement quand il les écrit sur papier plutôt qu’à l’ordinateur», explique sa mère, Cathryn. Les linguistes et les neurologistes donnent raison à James : l’écriture à la main aide à l’apprentissage. Et stimule également la créativité. Selon une récente étude de l’Université du Wisconsin, les jeunes écrivent plus rapidement à la main qu’avec un clavier. Et plus d’idées sont générées par ce geste, selon la psychologue responsable de l’étude, Virginia Berninger.
L’écriture à la main conÂnaît en ce moment une véritable renaissance. Près de 9 dirigeants d’entreprise sur 10 (87 %) disent prendre des notes à la main, selon un sondage réalisé par Forrester. «La production de longs textes à la main est en déclin, bien sûr, mais l’écriture est encore très pratique, note le professeur Lambert Schomaker, directeur des recherches sur l’intelligence artificielle à l’Université de Groningen, aux Pays-Bas. «Certains jeunes trouvent qu’écrire à la main est une expérience nouvelle, une relique du passé, et ils trouvent ça amusant, indique Johnny Gamber, auteur du blogue Pencil Revolution. On remarque aussi chez certaines personnes une écœurantite envers la technologie. Elles veulent des choses plus personnelles. L’écriture à la main nous permet de laisser une empreinte.»
Un autre sondage, effectué par Teen Diaries auprès des adolescents, indique que 54 % des répondants sont fiers de leur écriture. «Notre cerveau mémorise ce qui est issu des gestes de nos mains, explique Jean-Luc Velay, professeur à l’Institut des neurosciences cognitives de la Méditerranée. Lorsque nous écrivons à la main, nous retenons beaucoup mieux que lorsÂque nous les tapons.»
C’est peut-être pour cette raison que l’industrie des nouvelles technologies commence à intégrer l’écriture dans certains gadgets. «Certains appareils rendent la calligraphie de nouveau imÂportante, avance le blogueur techno Harry McCracken. Les tablettes élecÂÂtroniques nous permettent d’écrire avec nos doigts. Les gens qui préfèrent écrire que taper ont maintenant une nouvelle option.»
Les blocs-notes (en papier) populaires
Quand la compagnie italienne Moleskine a été fondée en 1997, on croyait ses directeurs fous. «Les ordinateurs portables et les cellulaires gagnaient en popularité, se rappelle la directrice Maria Sebregondi. Et nous, nous faisions des blocs-notes… en papier!»
Lors de sa première anÂnée d’opérations, Moleskine a vendu 3 000 calepins. L’an dernier, la compagnie en a vendu 12 millions! «Les gens veulent écrire sur quelque chose, en plus d’avoir leur portable et leur cellulaire», croit Mme Sebregondi. «Les gens cherchent à montrer quelque chose d’unique avec leur écriture à la main», ajoute-t-elle. Ironie du sort, les blocs-notes de Moleskine ont la forme d’ordinateurs portables et de cellulaires!
1 000 façons de s’exprimer
Métro s’est entretenu avec Alex Halavais, professeur de communications à l’Université Quinnipiac, au Connecticut.
Quelles sont les technologies sans clavier les plus intéressantes?
Il y a plusieurs façons de communiquer. La communication vocale, par exemple, est essentielle lorsqu’on est au volant. On utilise le toucher avec les tabletÂtes et les écrans tactiles. Avec l’ordinateur, on se sert de l’image avec les webcams. Les reÂcherÂ- ches sont nomÂbreuÂses et nous continuerons de trouver de nouveaux moyens de communiquer.
Pourquoi préférez-vous taper au clavier?
Ma calligraphie est horrible. J’ai grandi en tapant, alors c’est le moyen le plus naturel pour moi. J’aime les nouvelles technologies comme Swype qui me permettent de taper plus rapidement. À défaut d’avoir une connexion directe avec le cerveau, la technologie parfaite serait assez petite pour être dans ma pochette et me permettre de taper à une seule main sans avoir à regarder.