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L’archéologie des chantiers montréalais

Photo: Chantal Levesque

Les chantiers de Montréal ne sont pas seulement source de maux de tête pour les automobilistes: ils recèlent parfois d’importantes trouvailles archéologiques. Alors que débute aujourd’hui le mois de l’archéologie, Métro a pu faire le point sur les découvertes effectuées dans un des plus importants chantiers de la métropole, celui de la rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal.

Un peu d’histoire

ACTU - ancienne carte

La rue Saint-Paul est une des plus anciennes rues de Montréal, selon Simon Santerre, archéologue pour la firme Ethnoscop, qui a travaillé sur ce chantier. Officiellement nommée en 1673, il s’agissait d’un ancien chemin de portage amérindien.

«J’ai vu des documents où on dit qu’on a balisé la rue en enterrant des sceaux du séminaire de Saint-Sulpice en plomb dans la rue. J’aimerais ça en retrouver un!», s’exclame M. Simon Santerre.

Selon l’architecte à la Ville de Montréal, Hélène Benoît, le chantier de la rue Saint-Paul, devant le marché Bonsecours, est un des sites ayant le plus important potentiel archéologique à Montréal.

Du côté nord du site, on peut retrouver des vestiges du régime anglais, alors qu’au sud, on retrouve des vestiges du régime français. «Quand on va refaire la mise en valeur, on pourra signaler des anecdotes des deux régimes», affirme-t-elle.

Des fondations

ACTU - Bonsecours 1

La Ville a rénové la rue Saint-Paul en 1966, juste à temps pour l’Exposition universelle de 1967. Or, lors de ces travaux, on a simplement changé les pavés. Dans le chantier actuel, on a creusé beaucoup plus profondément, jusqu’à 2m dans certaines portions, pour pouvoir changer le parvis du marché Bonsecours et les trottoirs de la rue.

Selon M. Santerre, cela a permis de découvrir les fondations d’anciennes maisons qui ont été détruites dans les années 1800 pour construire le marché Bonsecours.

«Tout le long, pendant l’intervention, on a retrouvé ces maisons», explique-t-il. Il ajoute que la Ville voulait précisément localiser ces vestiges pour pouvoir installer de nouveaux lampadaires sans détruire les anciennes fondations.

«C’est ça qui est le plus important dans les fouilles qu’on a faites cette année, c’est l’ancien front bâti, qu’on a retrouvé de façon intégrale», renchérit Mme Benoît.

M. Santerre espère pouvoir retrouver les fondations d’une ancienne chapelle lorsque la Ville procédera à la réfection de la rue Bonsecours en 2018.

Des artéfacts

ACTU - fragment de poterie

L’équivalent de plusieurs caisses de petits artéfacts ont été retrouvées pendant l’intervention archéologique dans le chantier de la rue Saint-Paul. Même s’ils sont souvent minuscules, ces objets permettent aux archéologues de mieux dater des vestiges.

C’est le cas d’un fragment de terre cuite vernie (photo). «On sait que ça a été utilisé pendant tout le régime français, ce vernissage-là. Donc quand on trouve une couche avec un tesson comme celui-là, on sait qu’on est dans l’époque du régime français, illustre M. Santerre. Ça ne prend pas grand-chose pour être capable de dater ce qu’on trouve. Ça n’a pas besoin d’être spectaculaire, ça nous donne toute l’info dont on a besoin.»

Des interventions planifiées

ACTU - Bonsecours 2

Si la Ville de Montréal ne menait pas de suivi archéologique dans les chantiers avant les années 1980, elle intègre maintenant ces activités dans la planification des travaux. Quand un chantier a lieu dans un site à fort potentiel archéologique, comme celui de la rue Saint-Paul, le suivi archéologique est inclus dans l’appel d’offres.

«On essaie le plus possible de préparer tout ça dans les devis, qui vont être écrits dans le plan de l’entrepreneur. C’est vraiment une planification la plus intégrée possible. Quand on lance l’appel d’offres, l’entrepreneur sait qu’il va y avoir des archéologues sur le chantier», affirme Mme Benoît.

«Souvent, au Québec, on croit que les archéologues ralentissent ou arrêtent les travaux, et qu’on arrive un peu n’importe où pour effectuer nos recherches. Mais tout est vraiment planifié à la minute près. L’entrepreneur sait qu’on est là, nous on sait ce qu’on va trouver, ajoute M. Santerre. Ce ne sont jamais de mauvaises surprises comme on les gens le laissent souvent entendre.»

Visite

La Ville de Montréal organise des visites archéologiques du chantier de la rue Saint-Paul toute la journée le 27 août.

La visite de 15 minutes sera précédée d’une présentation historique par l’archéologue Simon Santerre.

Le point de rencontre est devant le marché Bonsecours.

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