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Conseil municipal de Montréal: comment ça marche?

Séance du de Montréal Photo: Collaboration spéciale

Près de sept mois avant les élections générales prévues le 5 novembre, le ton ne cesse de monter au conseil municipal de Montréal. Mais que sait-on de son fonctionnement? Combien d’élus y siègent? Qu’est-il permis ou interdit durant ces – longues – séances qui peuvent parfois s’étirer sur deux jours? Alors qu’une nouvelle assemblée débute ce lundi, Métro révèle quelques secrets de coulisses, mêlant cravates, propos proscrits et éloquence des élus.

Une centaine de mots interdits

Tous les termes ne sont pas autorisés durant le conseil municipal, qui peut être visionné depuis le hall d’honneur de l’hôtel de ville ou sur le site internet de la Ville. Dans une «liste des propos et tournures non parlementaires», près d’une centaine de mots proscrits y sont répertoriés. Les mots proscrits sont principalement issus d’un référencement effectué par l’Assemblée nationale, chaque président du conseil est ensuite libre de la compléter.

«Bandits», «barons», «con», «clown», «foutaise», «idiot», «lâche», «malhonnête», «patates», «ridicule» ou encore «stupide» y sont notamment mentionnés, avec une précision sur le contexte utilisé. «Les mots vexatoires ou qui peuvent être des insinuations sur la réputation d’un collègue ne peuvent être employés», explique Frantz Benjamin, qui consulte invariablement deux dictionnaires avant de prendre sa décision.

Ce dernier, qui n’a ajouté que cinq mots depuis son arrivée fin 2013, se veut ouvert. «Je soutiens des débats vigoureux, fermes, mais respectueux», reprend celui qui a interdit le terme «fallacieux» lors de la séance du 27 janvier, avant de refuser, malgré la demande de l’opposition, d’inscrire le mot «secte», employé par le maire Denis Coderre pour désigner Projet Montréal.

«Ce mot ne porte pas atteinte à un élu en particulier, explique le président du conseil. Je considère que ça fait partie de la guéguerre politique et du langage d’un débat enflammé.»

Également auteur de plusieurs recueils de poésie, Frantz Benjamin reconnaît qu’il a «un rapport particulier avec la langue». «La langue française, une des plus belles que je connaisse, est une langue de création, soutient-il. Pour moi, comme élu et comme poète, il y a des mots que je vais apprécier, mais qu’on ne peut isoler du contexte utilisé.»

Admettant être «plus vigilant» alors que de nouvelles élections approchent, le conseiller de ville refuse de mettre en place un débat terne. «Je m’attends à ce que ça fume un peu dans les canons, indique-t-il. Mais il n’est pas question de créer un climat insipide où tout le monde marche sur la pointe des pieds.»

Des règles à respecter

Durant les assemblées, plusieurs règles s’appliquent. Charge à Frantz Benjamin, président du conseil depuis l’arrivée de Denis Coderre au poste de maire de Montréal, de les faire respecter.

Cravate et veston obligatoires
Dans le règlement de l’hôtel de ville, aucune mention d’un code vestimentaire. Celui-ci est à l’appréciation du président du conseil, qui a le pouvoir d’expulser, si nécessaire, un élu, comme ç’a été le cas en octobre 2014. Vêtu d’un polo à manches courtes, Alex Norris (Projet Montréal) s’était alors vu montrer la porte en pleine séance, par Frantz Benjamin.

«La tradition parlementaire, c’est le port d’un veston et d’une cravate, soutient le conseiller de Saint-Michel, qui se définit comme «un amateur de bon goût vestimentaire» avant de révéler une demande insolite.

«On m’a demandé si on pouvait venir en espadrilles et en jogging, explique-t-il. Mais je n’accepterais jamais un élu avec une telle tenue ou même un jean. Il y a toujours la possibilité de conjuguer bon goût et élégance.» Pour les femmes, «on s’attend à une tenue décente», reprend-il.

Jeux et repas interdits
Alors que quelques écarts ont déjà été révélés à Québec, jouer sur sa tablette ou son téléphone intelligent, qui doit rester en mode silencieux, est interdit. Le café l’est également dans la salle du conseil, tout comme les repas. «Cette salle a une portée symbolique énorme et il y a des activités qu’on ne peut tolérer. Si tout le monde y mange, c’est une distraction», explique Frantz Benjamin.

Anglais permis
Si la langue officielle du conseil reste le français, l’utilisation de l’anglais y est autorisée. Les élus ou les citoyens ont la possibilité de discuter ou de questionner l’administration dans les deux langues. En cas de demande, le président du conseil doit ensuite effectuer la traduction. Selon ce dernier, le temps de parole en anglais n’excéderait pas 3 ou 4% du total des séances

Quels élus brillent par leur éloquence?

S’il reconnaît «des efforts soutenus sur la qualité du français» de la part de l’ensemble des élus, Frantz Benjamin affirme que certains d’entre eux sont au-dessus du lot. Parmi eux, le maire de Mercier-Hochelage-Maisonneuve, Réal Ménard «au verbe fleuri». «Ses interventions nous laissent souvent avec un sourire en coin», avoue-t-il.

M. Benjamin évoque également des prises de parole «colorées et avec une certaine éloquence» de la part de Luc Ferrandez, maire du Plateau-Mont-Royal et membre de Projet Montréal.

Conseillère dans Ahuntsic-Cartierville, Lorraine Pagé aurait quant à elle «un ton qui force l’écoute», alors que le maire de CDN-NDG, Russell Copeman, parle «un français excellent».

Le maire de Montréal, Denis Coderre, se différencierait également des autres élus, avec «un français pittoresque».

Répartition des élus
(au 31 décembre 2016)

  • 65 élus (58 hommes, 45 femmes)
  • 32 Équipe Denis Coderre
  • 17 Projet Montréal
  • 4 Coalition Montréal
  • 3 Vrai changement pour Montréal
  • 9 autres

Le conseil en chiffres

  • 0 conseil municipal manqué par Denis Coderre depuis son élection en 2013
  • 1 garderie ouverte lors de chaque séance pour les enfants des élus ou des citoyens
  • 11 séances ordinaires annuelles
  • 32 citoyens en moyenne inscrits aux périodes de question par séance en 2016
  • 250 $ d’amende pour chaque absence injustifiée d’un élu au conseil. Avant 2016, ce montant était de 100$.

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