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Des sinistrés abandonnés par leurs assureurs

Photo: Mario Beauregard / Métro

Après avoir lutté avec acharnement contre la montée des eaux, les victimes des inondations doivent maintenant reconstruire leurs foyers, souvent sans l’aide de leurs assureurs.

C’est le cas de plusieurs résidants de la rue Paquin, sur l’île Bizard, où la rivière des Prairies a débordé et provoqué des dommages importants à de nombreuses maisons lors de la dernière semaine.

Mina et Farzin Tayarani s’apprêtaient à passer chez le notaire pour officialiser la vente de la résidence où ils habitaient depuis 11 ans lorsque la crue a frappé. L’eau a complètement envahi le sous-sol et le rez-de-chaussée, endommageant gravement meubles, électroménagers, planchers et murs.

Selon leur version des faits, l’inspecteur envoyé par leur assureur pour constater les dégâts ne s’est même pas rendu sur place, invoquant d’abord que la maison était inaccessible en raison des inondations, puis que les résidants n’étaient pas présents lors de son passage.

C’est faux, rétorque Mina Tayarani. «On était tous là, a expliqué dimanche la professeure de français. Mais comme l’inspecteur n’est pas venu, on ne peut pas prouver que les dégâts sont dus au refoulement d’eau.»

Leur contrat les protégeait contre les refoulements, mais non contre les inondations. Leur assureur, l’Industriel Alliance, a jugé que les dégâts étaient dus aux inondations et a refusé de les indemniser.

« Malheureusement, certaines compagnies d’assurance veulent se soustraire à leurs responsabilités. On a donc besoin d’un gouvernement qui parle fort et qui rappelle les assureurs privés à l’ordre. » – Amir Khadir, député de Québec solidaire

La résidence est maintenant invendable et le couple devra assumer l’hypothèque de leur prochaine demeure à partir de juillet.

«On a aucune idée de ce que les prochaines semaines nous réservent», a confié Farzin Tayarani, l’air résigné.

Quelques maisons plus loin, Agnès Ygorra et son conjoint ont veillé jour et nuit sur leurs pompes pendant trois semaines pour éviter que l’eau n’envahisse leur sous-sol.

La nature a finalement triomphé et le couple se retrouve avec un domicile sinistré et sans électricité. Là aussi, l’assureur ne veut pas payer la note.

«L’an passé, lorsque j’ai magasiné mes assurances, j’ai choisi les avenants qui me protégeaient contre les refoulements d’égouts et la montée de la nappe phréatique», a raconté Mme Ygorra, qui estime que sa maison ne sera pas pleinement habitable avant deux mois.

«Les assurances se défilent en disant que la montée a été provoquée par la crue [de la rivière des Prairies] et ne veulent pas payer. C’est aberrant.»

Les sinistrés ignorés par leur assureur pourront tout de même recevoir l’aide gouvernementale promise par Québec. Ils devront toutefois faire preuve de patience.

«On ne saura pas quelle sera notre couverture avec le milieu ou la fin du mois de juin, a dénoncé Agnès Ygorra. On ne peut pas amorcer les rénovations sans savoir ce qu’on va obtenir. Financièrement, c’est un gros stress. Est-ce qu’on va être dans le trou ou pas? C’est le travail d’une vie qu’on risque de perdre.»

Selon le député de Québec Solidaire Amir Khadir, qui s’est joint aux dizaines de bénévoles qui ont tenté de sauver la maison des Tayarani, les inondations historiques qui ont frappé la province sont une occasion de revoir nos plans de protection.

«Le Canada est le seul pays du G7 à ne pas avoir de programme national d’assurance pour les cas d’inondations, a rappelé le député de Mercier. Compte tenu de ce qui s’est passé récemment en Alberta, en Ontario et au Québec, on a besoin d’un plan étendu et réfléchi qui assure une protection et mutualise les risques pour l’ensemble des citoyens du pays.»

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