Soutenez

Ville-Marie, le phare de la modernité

Photo: Denis Beaumont/Métro
Philippe-Vincent Foisy - Métro

Montréal inaugure, le 13 septembre 1962, la Place Ville-Marie (PVM), symbole de son rayonnement au niveau international. Cinquante ans plus tard, l’audace pour des projets d’envergure qui a nourri cette construction s’est un peu essoufflée.

«C’était et c’est toujours un projet novateur et ambitieux d’une qualité exceptionnelle», déclare la professeure de design à l’UQAM France Vanleathem.

Une des auteures du livre Place Ville-Marie : l’immeuble phare de Montréal, qui souligne l’histoire de l’immeuble, voit dans l’intérêt pour Montréal du promoteur William Zeckendorf la consécration de l’importance de la métropole au plan international. «La PVM a fait la une de la presse internationale architecturale, explique-t-elle. Mont–réal était la ville de l’avenir.»

En raison de sa conception, au-dessus d’une gare, avec une esplanade publique et une galerie de boutiques au design cruciforme en passant par la prouesse technique qu’est le mur rideau d’aluminium, la PVM montre la tridimensionnalité du Montréal qui allait vivre l’Expo 67 et les Olympiques.

«La PVM devenait la référence», constate le professeur de l’Université McGill Avi Friedman. Bien que la conception continue d’évoluer, surtout dans le domaine de la sécurité des bâtiments commerciaux, M. Friedman déplore que l’audace architecturale se soit essoufflée au profit des intérêts financiers, ici comme ailleurs. «Dans le design, ça stagne», estime-t-il.

Il reconnaît certains bons coups récents à Montréal, comme la Quartier des spectacles et la Maison symphonique de l’OSM, mais peu d’innovation dans les immeubles commerciaux. Récemment revenu d’un voyage à Berlin, ville reconnue pour la créativité de ses bâtiments, M. Freidman croit que Montréal gagnerait à miser sur le tourisme architectural lorsque des bâtiments commerciaux sont construits.

Malmö, en Suède, s’est d’ailleurs fait connaître grâce au prestigieux gratte-ciel Turning Torso. Barcelone, la ville de Gaudi, met aussi à profit l’audace de l’architecte catalan pour attirer des touristes internationaux.

Ces villes restent des exceptions. «L’industrie du bâtiment ne veut plus prendre de risques», croit le professeur de McGill. Pour le président de l’Ordre des ingénieurs du Québec, André Bourassa, le talent des architectes québécois n’est pas la source du problème. Et la liste des distinctions en est la preuve. «Il y a un contrôle maladif des coûts ; il faut séparer la conception des appels d’offres pour favoriser la créativité», explique M. Bourassa.

[pullquote]

Son message semble tranquillement passer. Depuis la nomination de Montréal, en 2006, à titre de Ville UNESCO de design, la Ville a modifié la Loi sur les cités et villes pour permettre l’attribution de certains contrats de gré à gré avec des lauréats de concours plutôt que par appels d’offres.

Des bibliothèques, des quartiers et des bâtiments seront ainsi revitalisés ou construits au cours des prochaines années, puisque la plupart sont en chantier ou en développement.

«Il faudra attendre quel­ques années pour voir ces projets se concrétiser», indique Caroline Dubuc, du bureau du design de la Ville de Montréal. Le modèle de développement des villes n’est plus une question de grands coups de fouet comme l’ont été la PVM ou le Guggenheim à New York, mais plutôt un ensemble de projets intéressants comme l’Usine C, affirme Mme Dubuc, optimiste.

Audace et créativité
Pour la carrière de l’architecte américain d’origine chinoise Ieoh Ming Pei, la Place Ville-Marie a été un tournant. Depuis, son nom a été associé à de grandes réalisations telles que l’aile de la Galerie nationale à Washington et le Grand Louvre à Paris.

En 1983, il a reçu le Prix Pritzker, surnommé le «Nobel de l’architecture». La construction de la Place Ville-Marie a été la «plus grande aventure» du promoteur immobilier William Zeckendorf.

Reconnu entre autres pour avoir implanté le Rockefeller Center à New York, William Zeckendorf était en avance sur son temps et n’avait pas peur de prendre des risques, explique France Vanleathem. Architectural Forum expliquait, à l’époque, que M. Zeckendorf avait permis à I. M. Pei de changer le visage des villes américaines.

À surveiller dans les prochaines années à Montréal

  • Nouveau Planétarium Rio Tinto Alcan
  • Bibliothèque Marc-Favreau, dans Rosemont
  • Nouvel abribus
  • Complexe sportif de Saint-Laurent
  • Terrain de soccer intérieur au Complexe environnemental Saint-Michel

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.