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Une mère et sa fille bientôt expulsées du Canada

Photo: Collaboration spéciale

Jesey Smorong Bernard n’a que 23 ans, mais il est engagé dans un combat pour que sa femme, Ildiko Nagy, et sa belle-mère – dont l’époux a été victime de trafic humain – ne soient pas renvoyées en Hongrie.

Le Montréalais a rencontré sa dulcinée ici, et l’a épousée au mois de juin. La jeune femme, actuellement âgée de 18 ans, était arrivée ici avec sa mère, il y a trois ans. La mère, Ildiko Dellamario, était victime d’intimidation tous les jours à son travail, en Hongrie. Elle travaillait dans une banque et subissait de la pression et des menaces de la part d’une bande de Roms qui voulait obtenir des prêts bancaires. Elle a finalement fait une demande comme réfugiée et est venue s’installer avec sa fille à Montréal.

Puis, Mme Dellamario a fait la rencontre d’un Hongrois sur un site de rencontre. Tibor Baranyai vivait à Windsor, après avoir été relocalisé par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) parce qu’il avait été victime de trafic humain à son arrivée en 2009 à Hamilton, en Ontario.

Ces deux réfugiés se sont mariés en novembre 2011. Mais en décembre, Mme Dellamario s’est fait refuser son statut de réfugié, car on ne considèrait pas qu’elle ou sa fille étaient en danger en Hongrie. Depuis, toutes les demandes d’appel ont été épuisées.

Rappelons que Tibor Baranyai a aidé la GRC à démanteler un réseau de trafic humain dont il était victime après s’en être échappé en 2010. Il était un témoin à charge de la couronne pour le méga procès qui a mis sous les verrous les responsables du réseau au Canada.

Le réseau n’a toutefois pas été démantelé à sa source, en Hongrie. Les têtes pensantes de l’organisation sont toujours actives. Elles ont même envoyé un tueur à gages, l’été suivant, pour éliminer les victimes, ainsi que deux agents de la GRC et le procureur de la couronne. Les autorités ont heureusement pu arrêter le suspect avant qu’il entre au Canada.

Jesey Bernard soutient donc que sa femme et sa belle-mère sont véritablement en danger en Hongrie. Dans un échange de courriels entre M. Baranyai et l’agente de la GRC responsable de sa protection, Lepa Jankovic, obtenu par Métro, celle-ci évoque le cas d’autres victimes dont les familles ont été tuées ou menacées en Hongrie. Mme Jankovic a tenté d’expliquer la situation à l’agente des services frontaliers, Valérie Surpris, qui s’occupe du dossier de Mme Dellamario et de sa fille, mais sans succès.

Jesey est persuadé que, même si Mme Dellamario et M. Baranyai se sont rencontrés ici, le réseau mafieux est tellement puissant en Hongrie qu’il pourrait les retrouver aisément. La décision finale semble donc sans merci.

Valérie Surpris, des services frontaliers, n’a pas voulu répondre à nos questions. Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) n’a toujours pas donné suite à la demande d’entrevue de Métro, mais devrait le faire aujourd’hui.

Imbroglio autour d’une demande
Après avoir rencontré Ildiko Nagy, Jesey a décidé d’entreprendre des démarches pour la parrainer afin qu’elle puisse devenir résidente permanente du Canada. Pour pouvoir la parrainer, il a dû se trouver un travail et gagner au moins 21 500 $ par année.

Lorsque Ildiko a eu 18 ans, ils se sont mariés. Douze jours après le mariage, Jesey a envoyé la demande de résidence permanente à l’immigration. Sur le reçu de Postes Canada que Métro a en sa possession, on peut lire que le document de résidence permanente a été envoyé au Centre de traitement des cas en Alberta.

Pourtant, selon des documents officiels obtenus par Métro, l’agente des services frontaliers affirme dans sa décision qu’aucune demande de parrainage n’a été faite. Lorsque Jesey a voulu lui montrer les papiers qui prouvaient qu’il avait fait sa demande, elle n’a pas voulu y jeter un œil, affirme-t-il.

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