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Marcel Aubut : «Le stade doit cesser de faire peur»

Photo: collaboration spéciale

Marcel Aubut vient d’être reporté à la tête du Comité olympique canadien pour un deuxième mandat de quatre ans. L’homme de 65 ans, qui ne pratique pas la langue de bois, a bien voulu se prononcer sur plusieurs dossiers.

À quoi vont ressembler vos quatre prochaines années?
Sotchi est bien sûr la grande priorité pour la prochaine année. Il faut être capable de démontrer ce qu’on peut accomplir en hiver. C’est de très bon augure avec les récents succès de nos athlètes. Il y aura ensuite les Jeux de la jeunesse, à Nanjing, à l’été 2014, les Jeux panaméricains, à Toronto, en 2015, et Rio, en 2016. Ça va être quatre années bien remplies!

Québec a baissé les bras pour les Jeux d’hiver. Toronto pourrait être intéressé par les Jeux d’été. Reverra-t-on les Olympiques au Canada dans un avenir rapproché?
Je pense que Toronto a une chance. Tout comme Québec et Calgary d’ailleurs. On va revoir les Jeux chez nous. Il y a un intérêt. Mon travail, c’est de mousser cet intérêt. Ceci dit, il n’y pas que les Olympiques. Nous accueillerons la Coupe du monde féminine de soccer et il faut travailler à temps plein pour attirer de grands événements.

En faisons-nous assez pour présenter de grands événements sportifs chez nous?
Non. Il faut faire plus. Il faut déterminer les types d’événements qui seraient de bons matchs avec nos villes. Souvent, les villes ne connaissent pas bien l’inventaire des événements et ne se prennent pas à temps pour poser leur candidature. C’est notre travail de bien les informer.

Quel type d’événements serait un bon match pour Montréal?
Les événements aquatiques surtout. Mais Montréal peut présenter à peu près n’importe quoi. On va voir ce qui va arriver à la mairie en novembre et quelle direction prendra la nouvelle administration.

Québec annoncera bientôt ses intentions pour le Parc olympique de Montréal. Que devrait-on faire, selon vous?
Le timing est excellent, je trouve. En définissant un avenir clair pour le Parc olympique, on pourra attirer de grands événements. Déjà, David Heurtel [le PDG de la Régie des installations olympiques] fait un excellent travail, et Lise Bissonnette a produit un rapport sérieux. Pour ce qui est du nouveau toit du stade, on souhaite qu’il soit rétractable. Il faut que le stade attire et qu’il cesse de nous faire peur. Il y a un changement de culture important à faire.

Vous dites sans gêne que, pour assurer la réussite de nos athlètes, l’argent est le nerf de la guerre. Comment se compare-t-on aux autres pays?
Nous ne sommes pas là pantoute! Nous sommes très loin des autres pays du G8. C’est inacceptable. Ce qui est positif dans tout ça, c’est qu’on réussit bien. On fait beaucoup avec pas grand-chose. Imaginez quand nous aurons plus de ressources! Les pays ont décidé d’investir massivement dans le sport. Pour des raisons sociales, pour contrôler des coûts en santé qui explosent et pour se donner de la visibilité. L’Italie, qui a des problèmes budgétaires, n’a pas coupé ses contributions. Il faut imiter les pays qui investissent massivement. Pour vendre sa nouvelle Russie, Poutine passe par les Jeux de Sotchi et par la F1. Le sport apporte de la visibilité. Même tristement, comme on l’a vu avec les attentats au marathon de Boston.

Lors de votre discours de réélection, vous avez cité trois objectifs : le financement des athlètes et des entraîneurs, la promotion du sport comme un atout pour la société et l’harmonisation du système sportif canadien, qui est fragmenté. Comment s’attaquer à ce dernier point?
Il y a trop d’organismes qui mettent de l’avant des idées différentes. Il faut parler d’une seule voix. Il faut perdre moins de temps à argumenter.

Comment traiter l’aspect conciliation pour les athlètes afin d’éviter d’autres cas comme celui de Mathieu Giroux, ce patineur de vitesse expulsé – puis réintégré – de l’équipe nationale parce qu’il souhaitait s’entraîner à Montréal afin de poursuivre ses études universitaires?
C’est un cas inacceptable qui m’a rappelé de vieilles histoires. De telles choses n’arriveront plus. Nous vivons en 2013 et il faut donner à nos athlètes les moyens d’étudier et de préparer leur future carrière tout en s’entraînant. Nous sommes ouverts afin d’accommoder chacun. Nous sommes très sérieux à ce sujet.

Comment réagissez-vous au fait que des sports comme l’escalade ou le wakeboard pourraient prendre la place de la lutte, exclue pour le moment du programme olympique?
C’est délicat comme sujet. C’est comme toucher à un poêle qui chauffe. Mais je crois que la lutte sera du programme des Jeux de 2020. J’ai l’impression qu’on a simplement voulu donner une leçon.

La LNH sera-t-elle présente, elle, à Sotchi?
Je suis très confiant. La volonté des joueurs va l’emporter.

Le retour des Nordiques à Québec, c’est pour quand?
Nous avons choisi d’adopter une attitude de patience dans ce dossier. La décision sera prise en temps et lieu et, peu importe le moment, nous serons prêts à les accueillir. Je suis très confiant qu’ils seront de retour.

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Montréal au centre du mouvement olympique

Le Comité olympique canadien (COC) a récemment décidé de passer de trois à deux bureaux nationaux. Le siège d’Ottawa sera fermé, et tous les efforts se concentreront à Toronto et Montréal. Dans la métropole québécoise, le comité aura de tout nouveaux bureaux, coin René-Lévesque et Beaver Hall, offerts gratuitement par Québec. «C’était très important d’avoir une présence forte au Québec, l’endroit où l’on pratique le plus le sport amateur, souligne Marcel Aubut. La moitié du mouvement olympique sera maintenant dans la première ville olympique canadienne.» Le nouveau bureau, qui affichera les anneaux olympiques sur sa façade, ouvrira en septembre et comptera un musée et une boutique. «Le public pourra y entrer et interagir, note M. Aubut. Ça va être toute une vitrine pour le sport.»

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