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Albert Jacquard: L’art de réfléchir avant d’agir

Est-ce la fin d’une belle époque pour l’humanité? Le philosophe et scientifique Albert Jacquard le craint. C’est dans cet état d’esprit qu’il donnera une conférence ce soir au 22e gala de la Fondation québécoise en environnement. Dans son dernier ouvrage, Le compte à rebours a-t-il commencé ?, sorti il y a quelques mois, l’auteur dresse un portrait inquiétant de ce qui attend l’humanité dans un avenir pas trop lointain. Malgré cela, il garde espoir. Selon lui, il n’est peut-être pas trop tard, mais il faut que l’humanité se réveille et change de cap. Entretien philosophique autour de la fin de l’humanité.

Le compte  rebours est-il vraiment commencé?
Bien sûr qu’il est commencé et il faut, le plus vite possible, l’utiliser pour aller dans une nouvelle direction. Cette direction ne dépend que des hommes et, par conséquent, dépend de moi, de mon frère, de ma sÅ“ur et des six milliards d’êtres humains qui sont dans le même bateau que moi. Bref, l’important, c’est de prendre conscience qu’il y a une décision à prendre, qui sera difficile mais nécessaire étant donné qu’on est très proche du fameux zéro qui pourrait aboutir à un éclatement de l’humanité.

Êtes-vous confiant que l’humanité prendra conscience à temps du danger qui la guette?
Je n’en sais rien, mais ça dépend de moi qui n’agis pas assez pour que l’humanité soit consciente. Chacun doit se dire «Ça dépend de moi». Si ça ne dépend pas de moi, ça dépend de qui? De Sarko? Du bon Dieu? C’est finalement à moi de jouer.

Que fait-on, on arrête le progrès?
Si le progrès, ça consiste à aller plus vite en voiture, à monter plus haut dans l’espace, il faut réfléchir avant pour savoir à quoi ça sert, à qui ça profitera et si c’est dangereux. Mais pour moi, le progrès, c’est essentiellement une meilleure compréhension du monde. Il faut faire la distinction entre la compréhension du monde et la transformation du monde.

Quelle est la menace la plus immédiate qui guette l’humanité?
Dans l’immédiat, c’est le nucléaire. Sur la Terre, il y a une dizaine d’États qui ont les moyens de provoquer le suicide collectif, la disparition des hommes sur la Terre.

Doit-on s’inquiéter pour notre planète dans tout ça?
La Terre ça va, elle tourne, elle a un équilibre relativement stable. Pour moi, le réchauffement de la planète n’est pas une obsession parce [qu’à travers les temps, elle s’est réchauffée, elle s’est refroidie]. Par conséquent, la seule attitude possible, c’est de respecter le principe de précaution en évitant de faire des choses irréversibles.

Dans cet esprit, est-ce que le débat sur les changements climatiques est un faux débat?
Sans doute pas, mais ce n’est pas une urgence au même titre que la bombe atomique. Ça ne peut pas être bon ce que nous envoyons dans l’atmosphère. Quant à savoir si ça a dépassé le seuil de tolérance de la planète, je n’en sais rien. Mais au nom du principe de précaution, il faudrait éviter de continuer à polluer.

Quelle solution proposez-vous pour contrer ces scénarios apocalyptiques?

Parler. Tout homme est un prophète et moi, Albert Jacquard le prophète, je vous dis «Ça va mal tourner vos histoires idiotes!». La société d’aujourd’hui se précipite dans la stupidité et il faut éviter de reproduire ça demain. Alors à court terme, il faut délaisser l’énergie atomique et à long terme, il faut enseigner à nos enfants [une autre manière de faire les choses] sans compétition ni concurrence.

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