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Tremblay, le maire le plus décrié de l'histoire?

Collusion à l’Hôtel de Ville, manque de leadership, déliquescence des infrastructures, espionnage du vérificateur général : le maire Gérald Tremblay est dans la tourmente depuis plusieurs mois. Mérite-t-il pour autant le titre de maire le plus décrié de l’histoire de Montréal?

Pour tenter de répondre à cette épineuse question, il faut remonter 178 années en arrière et explorer les réalisations de pas moins de 41 maires aux surnoms aussi variés que le Paon, le Martyr ou le Cigarier. «Des maires universellement appréciés, ça n’existe pas», pense Paul-André Linteau, historien et professeur à l’UQAM.

Premier constat, le maire Tremblay ne porte pas de surnom négatif, comme son prédécesseur Pierre Bourque par exemple. Ce dernier était surnommé «Géranium 1er», notamment à cause de sa passion pour les fleurs et de son côté contrôlant.

Autre bon point pour le maire Tremblay, il n’a jamais eu à subir l’affront d’une mise sous tutelle de la Ville par le gouvernement provincial. Ce fut le cas de Médéric Martin (de 1918 à 1921) et d’Adhémar Raynault (1940-1944), qui s’étaient vu infliger cette humiliation parce que leur administration était empêtrée dans un bourbier financier. Dans les années 1970, face aux retards qui s’accumulaient, le gouvernement Bourassa a aussi repris le dossier de construction du Stade olympique des mains du maire Jean Drapeau.

Mais quel héritage nous léguera le maire Tremblay? Selon M. Linteau, il est difficile de comparer, car les contextes diffèrent. «Par exemple, du-rant les mandats de Jean Drapeau dans les années 1960, la situation économique favorisait la construction du métro et l’organisation de l’Expo», dit l’auteur d’Histoire de Montréal depuis la Confédération. Pas question non plus de se fier uniquement à ce qui se dit dans les médias pour juger un politicien.

«Les groupes qui s’expriment sur la place publique ne sont pas forcément représentatifs de la population», ajoute M. Linteau. La preuve, Pierre Bourque et Gérald Tremblay ont été réélus, malgré les images négatives qu’en donnaient les médias.

Dans le passé, plusieurs maires se sont démarqués pour leur feuille de route controversée. Au début du 20e siècle, et malgré leurs nombreuses réalisations, l’avocat Raymond Préfontaine et le cigarier Médéric Martin ont tous deux été égratignés pour avoir trempé dans des affaires de corruption alors qu’ils étaient encore conseillers municipaux.

Sarto Fournier, lui, est reconnu par les historiens comme n’ayant jamais réellement fait avancer la Ville durant son mandat, qui s’est terminé en 1960. «Jusqu’à la fin des années 1950, les maires avaient bien peu de pouvoir par rapport au conseil municipal ou au comité exécutif. Il est donc difficile de leur imputer, à eux seuls, des mauvais résultats», précise M. Linteau.

Et les chiffres? Sur ce point, les derniers résultats du maire Tremblay ne sont pas reluisants. Pour son troisième mandat, il n’a été réélu qu’avec 36,6 % des voix, le deuxième pire score de l’histoire de la ville, derrière Adhémar Raynault en 1940 (25 %).

L’histoire jugera de l’empreinte laissée par le maire Tremblay, dont le mandat doit durer encore 26 mois. De nos jours, la popularité d’un politicien ne tient parfois qu’à un paralume qui tombe…


Des maires et leurs boulets

  • Jacques Viger. Le 1er maire de Montréal en 1833. Il est jugé trop proche des Patriotes.
  • Jean-Louis Beaudry. Il est critiqué par les Anglais pour ses actions musclées contre les orangistes.
  • Alphonse Desjardins. Il est le premier à parler de fusions municipales en 1893.
  • Camillien Houde. Il est empri­sonné, car il est contre la conscription. C’est aussi un sympa­thisant fasciste.
  • Jean Drapeau. Il est jugé pour le fiasco économique des Jeux olympiques. On critique aussi les arresta­tions de ses adversaires lors de la crise d’Octobre.
  • Jean Doré. Il poursuit ses vacances pendant les inondations de 1994.

Nous avons invité le principal intéressé, Gérald Tremblay, à commenter la question. Il a préféré décliner notre offre.

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