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Des féministes défendent l’inclusion des immigrantes

Photo: Yves Provencher/Métro

Le mouvement féministe québécois veut inclure davantage les femmes immigrantes dans ses combats. Le Forum des États généraux de l’action et de l’analyse féministes, qui a réuni environ 1000 femmes de plusieurs régions de la province à Montréal de jeudi à dimanche, a adopté plusieurs propositions visant directement à combattre la marginalisation des femmes immigrantes et à représenter leur réalité à travers le mouvement féministe.

Les femmes réunies en plénière pour définir les grandes orientations et pistes d’action ont notamment affirmé leur volonté «d’assurer l’inclusion active de femmes immigrantes ou racisées, de femmes autochtones et de femmes croyantes de différentes religions dans tous les débats du mouvement féministe, en particulier lors des débats sur la diversité culturelle et l’identité».

Selon Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec et coporte-parole de l’évènement, le débat sur la charte des valeurs a influencé les discussions du Forum, certaines femmes immigrantes se sentant directement interpelées. Plusieurs femmes voilées étaient d’ailleurs présentes au forum.

Malgré tout, ni la charte ni la laïcité n’ont fait l’objet de discussion ou de proposition.

Certaines des propositions adoptées s’inscrivent toutefois dans la foulée de ce débat, comme celles qui condamnent «l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes et nationalistes», qui promettent de «lutter contre toute forme de contrôle politique, social, idéologique ou religieux du corps des femmes» ou encore qui dénoncent «les discours qui tendent à indiquer que les immigrants seraient porteurs de valeurs rétrogrades notamment au plan de l’égalité entre les femmes et les hommes».

«Notre assemblée a dit que ça appartenait aux collectivités de femmes de décider comment se libérer des contraintes qui leur sont imposées, que ce soit par le fondamentalisme religieux ou par toute autre forme d’idéologie qui tend à nous contrôler, soutient Mme Conradi. L’interprétation que chacune va faire en rentrant chez elle ou dans leur organisation va peut-être les amener à se prononcer sur la charte, mais ça ne relève pas aujourd’hui des États généraux.»

C’est que la question de la laïcité et du port du voile n’est pas reconnue pour faire l’unanimité au sein du mouvement féministe. Un nouveau groupe appelé «Pour les droits des femmes du Québec» a d’ailleurs récemment été créé en appui à la laïcité de l’État, alors que la Fédération des femmes du Québec s’est prononcée contre la charte.

«Toutes les religions sont des systèmes de pression pour les femmes, basées sur le patriarcat, a affirmé une participante au forum pour justifier le fait qu’elle ait voté contre plusieurs propositions. Je suis pour une laïcité totale du mouvement des femmes.»

Malgré l’absence de consensus, les propositions visant à reconnaître l’apport des femmes de toutes les religions ont été adoptées par une grande majorité.
«Ça indique non pas que toutes les féministes sont d’accord, mais qu’une majorité est d’accord», croit de son côté Asmaa Ibnouzahir, membre du Collectif des féministes musulmanes du Québec.

Des participantes agressées
Six participantes au Forum des États généraux de l’action et de l’analyse féministes ont été victimes de violence lesbophobe de la part de huit jeunes hommes samedi soir, au coin des rues Saint-Denis et de Maisonneuve. Une déclaration en soutien aux femmes agressées a été endossée par les près de 600 participantes à la plénière de dimanche après-midi.

Sortant d’un bar où elles célébraient le succès de certaines de leurs propositions au forum, elles ont été invectivées violemment par les jeunes hommes. «C’était clairement en raison de notre orientation sexuelle présumée et le fait que certaines d’entre nous ont une apparence non-conventionnelle», estime Barbara Legault, l’une des femmes du groupe, qui a reçu trois coups de poing après avoir exigé des excuses de leur part. Une des ses collègues a aussi été agressée physiquement.

Mme Legault se dit très ébranlée. «J’ai mal physiquement et psychologiquement, a-t-elle confié. Ça me dit qu’on a finalement plus de chemin à faire que je pensais pour éradiquer la lesbophobie et la haine envers les personnes qui contreviennent à la norme.»

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