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Une Montréalaise harcelée par la Chine à l'ONU

OTTAWA – Les Nations unies ont retiré l’accréditation d’un homme représentant une organisation non gouvernementale (ONG) chinoise après que celui-ci eut été accusé d’espionner une Montréalaise dont le père est un prisonnier politique en Chine.

L’incident s’est produit dans la salle du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, au lendemain d’un plaidoyer livré avec émotion par Ti-Anna Wang. La Montréalaise de 24 ans exigeait la libération de son père, le docteur Wang Bingzhang, condamné à la prison à vie en 2002 après avoir tenté d’encourager le développement de la démocratie en Chine.

Mercredi, un jour après l’allocution de la jeune femme que les délégués chinois ont tenté d’interrompre, un homme représentant une ONG chinoise a commencé à prendre des photos rapprochées d’elle et de son écran d’ordinateur en se plaçant sur le siège derrière elle.

L’homme a été interrogé par le personnel de sécurité des Nations unies, qui lui a demandé d’effacer ces photos de son appareil.

«Nous avons décidé de retirer l’accréditation de l’homme qui photographiait Mme Wang», a déclaré le porte-parole du conseil, Rolando Gomez, joint par La Presse Canadienne vendredi à Genève.

«Sa prise de photos de Mme Wang a été immédiatement repérée. Cela viole les règles de l’ONU. (…) Plus important encore, il prenait des photos rapprochées d’elle et de son ordinateur, ce qui a été jugé non seulement inapproprié, mais aussi perçu comme de l’intimidation.»

Lors d’une entrevue accordée à partir de la France, où elle se trouvait en attente d’un vol vers Montréal, Ti-Anna Wang s’est dite choquée mais pas surprise par les gestes de l’homme qui était assis derrière elle.

«Je l’ai regardé. J’ai été si choquée qu’il s’engage dans une activité aussi basse, si l’on peut dire les choses ainsi», a déclaré la jeune femme.

«Je me suis dit que ce n’était pas très futé de leur part, la façon dont ils l’ont fait. Cela semblait très amateur, de l’espionnage amateur, dans un certain sens.»

Mme Wang a applaudi le Canada pour avoir été le seul pays à recommander la libération des prisonniers politiques chinois dans le rapport du conseil sur la Chine, qui a été formellement adopté cette semaine.

«Nous soutenons sa lutte pour une Chine qui respecte la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit», a déclaré Rick Roth, porte-parole du ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird.

La Presse Canadienne a obtenu un exemplaire de la lettre envoyée au Conseil des droits de l’homme de l’ONU par l’ambassadrice du Canada à Genève, dans laquelle celle-ci exprime son inquiétude face à «l’intimidation alléguée» d’une Canadienne.

«Le gouvernement du Canada est extrêmement troublé par ce cas, que nous considérons comme un geste potentiel d’intimidation contre Mme Wang», a écrit l’ambassadrice Elissa Goldberg.

Le porte-parole du conseil, M. Gomez, a précisé que l’intimidation alléguée visant Mme Wang avait été soumise à la délégation chinoise.

«La question doit encore être discutée entre le président (du conseil) et la délégation chinoise présente ici. Le Conseil des droits de l’homme ne peut tolérer les actes de harcèlement, l’intimidation ou les gestes perçus comme tels», a-t-il affirmé.

Ti-Anna Wang se dit persuadée que son père sera un jour libéré, malgré l’apparente intransigeance du gouvernement chinois. Elle a l’intention de continuer à se battre pour sa liberté, mais elle souligne que sa détention en isolement nuit à son état mental.

«Quand nous avons la chance de le voir, il est si émotif, si fragile», a-t-elle dit. «Si nous ne faisons rien, rien ne changera.»

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