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Réforme du financement des arrondissements: qu’en est-il des spécificités des quartiers?

Photo: Photcal.com

Les maires d’arrondissement auront-ils encore la liberté de donner des couleurs particulières aux quartiers qu’ils représentent, considérant que leur dotation de la ville-centre est désormais régi par des paramètres? Les principaux concernés divergent d’opinion.

«Dans notre façon de dépenser, on va donner des couleurs différente à notre arrondissement», a fait valoir le maire de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG), Russell Copeman. Ce dernier est à la tête de l’arrondissement le plus densément peuplé de l’île de Montréal.

«On dépense beaucoup plus dans le développement social que le budget paramétré nous indique, a expliqué M. Copeman. On a un grand nombre de groupes communautaires qui demandent des subventions. On pense que CDN-NDG est un arrondissement riche, mais il y a des poches de pauvreté très importantes. On doit dépenser dans la prévention, dans l’aide aux devoirs et dans les HLM. Ce sont des dépenses que les autres arrondissements ne font pas nécessairement.»

Les arrondissements peuvent jouer avec les colonnes de chiffres de leur budget, mais ils doivent respecter certaines limites, a insisté la mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc Extension, Anie Samson, qui est aussi responsable des services aux citoyens. «Il faut avant tout qu’on réponde aux services de base (ramasser les poubelles, nettoyer les rues et les parcs, déneiger, etc), a-t-elle dit. Quand tout cela est fait, tu peux faire autre chose. Tu ne peux pas me dire que tu ne déneigeras pas parce que tu veux planter des arbres.»

Pour répondre aux besoins spécifiques de ses citoyens, Russell Copeman a décidé de piger dans les surplus de l’arrondissement. Il croit que la réforme lui permettra encore de dégager des surplus. «On continue à contrôler certaines sources de nos revenus locaux, a-t-il dit. Le jour où on va donner des permis de construction ou de l’occupation du domaine public pour l’ancien site de l’hippodrome, c’est sûr que CDN-NDG sera favorisé.»

Le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, croit au contraire que la tâche sera plus ardue pour les arrondissements qui veulent mettre quelques sous de côté pour les projets particuliers.

«Les surplus proviennent des permis, a expliqué le chef de la Coalition Montréal. Pas des opérations. Avec la réforme, ça reste théoriquement possible [de faire des surplus], mais dans la vraie vie, ça va être très limitée. Tout ce qui permet à un arrondissement de faire un peu plus d’argent pour faire des projets plus concrets en arrondissement sera rapatrié vers la Ville.»

Le maire de Rosemont–La Petite-Patrie, François Croteau, pense aussi que la marge de manœuvre des arrondissements sera restreinte. Il a donné l’exemple d’un changement d’aménagement sur un locale qui devra désormais être soumis à un nouveau comité «destiné à soutenir les arrondissements». «Il va falloir demander la permission à un fonctionnaire de la Ville de Montréal, a fulminé M. Croteau. Ça va vraiment allonger les processus et rendre la Ville beaucoup moins efficace.»

M. Croteau s’est aussi dit inquiet du fait que des services centraux ne sont pas prêts à prendre en charges certaines responsabilités des arrondissements.

Anie Samson a reconnu que des ajustements devront être apportés à la réforme du financement des arrondissements. «Cet outil est évolutif, a-t-elle mentionné. Il ne sera pas fixe. On va l’améliorer en fonction de l’année qu’on va vivre en 2015.»

L’administration Coderre aurait dû implanter la réforme progressivement, croit François Croteau. «Quand on est dans un processus évolutif, on prend une petite bouchée à la fois, a-t-il illustré. On ne prend pas tout le gâteau d’un seul coup. J’ai l’impression qu’on était trop ambitieux.»

Lire aussi: La réforme du financement des arrondissements pour les nuls

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