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Petit guide de survie en milieu urbain

Photo: Archives Métro

La rue compte son lot d’avocats, de médecins, de professeurs et d’artistes qui s’y sont échoués à la suite d’une grosse bad luck, jumelée parfois à une dépendance et à la dépression. Métro est allé à la rencontre de personnes itinérantes pour savoir comment ils survivent en milieu urbain.

Quêter avec succès
Alain, alias Monsieur Sourire, clame être dans le top quatre des mendiants les plus efficaces du centre-ville de Montréal, mais il reste discret sur ses statistiques au bâton.

Selon lui, ses résultats dépendent directement de la météo et de l’énergie qu’il dégage. «Actuellement, ça ne va pas fort côté santé et ça se ressent sur ce que je reçois des passants», souligne cet ancien éclairagiste âgé de 47 ans.

«Pour avoir du succès, il faut être au même endroit chaque jour à la même heure, rester debout, dire “bonjour-good-day” et ne pas demander d’argent; le gobelet dit tout», indique-t-il. À la longue, on se bâtit une clientèle. Par exemple, chaque lundi à 6h15, il y a ce diplomate qui lui donne un 20$.

Son fonds de commerce compte une trentaine de personnes qu’il croise chaque matin entre 6h et 9h et dont il connaît les prénoms. «Il y a aussi ceux qui ne donnent pas, mais que j’ai spottés comme des clients potentiels à qui je pourrais demander de l’aide en cas d’urgence», indique Alain.

Ce dernier souligne l’importance d’avoir un deuxième endroit où quêter en cas de problème.

«Quand mon coin de rue habituel fonctionne mal, je vais à ce deuxième spot. J’y croise des gens qui ne m’ont pas vu depuis longtemps et qui sont alors très généreux», indique-t-il à Métro.

Alain précise qu’il quête pour arrondir ses fins de mois, garder son logement, acheter de la peinture ainsi que de la bouffe pour son chat, mais aussi pour l’interaction sociale avec les citoyens qui, dit-il, le garde en vie, malgré son triple cancer foie-poumons-système neurologique.

Du cinq étoiles… dans le ciel
Bien sûr, il y a les refuges qui offrent plus de 650 places à Montréal pour dormir au chaud. Mais les premières nuits, il y a de fortes chances que vous vous retrouviez dans un grand dortoir d’environ 70 places. Or, 70 ronfleurs potentiels, ça produit du décibel. On le sait, on a déjà testé la Mission Old Brewery!

Si vous optez pour la belle étoile, allez prendre conseil auprès de Gilles et de Fernand, qui crèchent dès le printemps, depuis 20 ans, le long du magasin La Baie, dont la marquise protège des intempéries.

«Nous, on n’est pas du côté des vitrines, alors c’est plus tranquille. Et comme on respecte le staff et les gardiens de sécurité, ils nous laissent tranquilles. On fait un peu partie des meubles», souligne Fernand, 61 ans, en montrant fièrement leurs toilettes portatives, un système de grands seaux de pâte à muffin permettant de ne pas souiller leur place et du coup, de la garder.

Sinon, il y a l’option métro, mais la STM réduit tranquillement les places disponibles à coups d’accoudoirs sur les bancs. Parmi les sans-abri, Bonaventure et McGill sont les deux stations les plus courues.

La vraie bouffe de rue
Pas de stress à avoir pour l’alimentation, les ressources pour itinérants offrent une foule d’options. «Il suffit de connaître les meilleures», affirme Michel, qui a 12 ans d’expérience dans la rue. La Maison du Père figure en tête de liste pour la qualité du menu.

La Mission Old Brewery est aussi mentionnée, surtout quand le repas est commandité par Jean Coutu. Sinon, le dernier dimanche du mois, les coachs recommandent l’église au-dessus des Promenades de la cathédrale.

Sébastien, un jeune de la DPJ, suggère aussi d’aller jeter un coup d’œil derrière les poubelles de certaines épiceries où s’entassent souvent yaourts et jus de fruits périmés, mais encore comestibles. Une carte Google (légèrement périmée aussi!) recense d’ailleurs les meilleures poubelles non cadenassées. Pas d’accès à un ordinateur? L’Accueil Bonneau, en propose trois en libre-service, et le petit-déjeuner est raisonnablement bon, parait-il.

Les plus habiles des sans-abri ont aussi tout un réseau de restaurants qui leur offrent des restes. Les cuisines donnant généralement sur des ruelles, les cuisiniers et les sans-abri sont faits pour se rencontrer et tisser des liens. À ce sujet Gaétan, alias l’ange des parcomètres, affirme manger chaque mois son steak de surlonge de cette façon.

 

 

 

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