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Pas de calèches à Montréal cet été

Photo: Yves Provencher/Métro

Il n’y aura pas de calèches dans le Vieux-Montréal, cet été.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a annoncé mercredi matin, lors de la séance du comité exécutif, un moratoire d’un an sur les calèches, le temps d’adopter «une vraie politique du cheval à Montréal» au printemps prochain.

Denis Coderre dit se soucier de la condition des chevaux et de la sécurité des piétons. «Il y a une question de cohabitation, souligne le maire. La plupart des gens, soit par perception, soit par fait, trouvaient que les bêtes n’étaient pas assez respectées, qu’elles étaient laissées à elle-même, que leurs conditions de vie étaient exécrables donc, on a pris une décision.»

Une nouvelle ordonnance, qui entrera en vigueur mardi prochain, fera passer le nombre de calèches autorisées à Montréal de 24 à 0. Les cochers et les propriétaires de calèche seront remboursés pour le montant défrayé pour leur permis 2016, soit 550$ pour les propriétaires de calèche et 120$ pour les cochers.

Les calèches à Montréal avaient faits grand bruit à l’été dernier, alors qu’un cheval s’étaient retrouvé par terre après avoir glissé sur une plaque en métal dans le centre-ville de Montréal. Mais c’est la dernière vidéo diffusée sur les réseaux sociaux il y a un mois montrant une calèche se promenant sans cocher dans le Vieux-Port de Montréal qui a été la goutte qui a fait déborder le vase, dit le maire.

«Je n’étais pas satisfait du tout de la façon dont les choses fonctionnaient jusqu’à présent, a dit M.Coderre mercredi matin. On va regarder tout ça, il faut les protéger et s’assurer que ça se fasse comme il se doit», a dit M.Coderre.

Mais le maire ajoute que «les chevaux font partie prenante de l’identité de notre ville», et les calèches ne seront pas ultimement exclues de la Ville. Il souhaite même «professionnaliser les cochers», notamment quand à la gestion de leur billetterie.

Pour protéger les chevaux, il souhaite créer une écurie ainsi qu’un centre d’interprétation «pour assurer les conditions optimales pour les chevaux, qui va permettre qu’on respecte la bête». Cette écurie «de très haut niveau» pourrait être dans le Vieux-Port ou le Vieux-Montréal.

«Je vous dis que si les bêtes et la cohabitation sont respectées, qu’il y a une bonne configuration des aménagements dans le Vieux-Montréal, qu’il y a une écurie top-notch, je ne vois pas c’est quoi le problème. Mais on va s’assurer que ça se fasse adéquatement», a-t-il affirmé.

Contacté par Métro, Luc Desparois, propriétaire des Calèches Lucky Luc, n’était pas au courant de ce nouveau moratoire. «Ça n’a pas d’allure, ils ne peuvent pas nous empêcher de travailler, a-t-il lancé lorsque Métro lui a appris la nouvelle. Il faut gagner notre vie.»

Il tient à se renseigner davantage sur cette annonce avant de commenter, mais soutient que les doléances à l’égard des calèches ne sont pas fondées. «Ce n’est pas vrai que les rues ne sont pas propres à cause des calèches. On est surveillé de partout, s’il y a quelque chose de pas correct, ils peuvent venir me le dire», déplore M. Desparois.

Le maire de Montréal ne compte pas dédommager les propriétaires. «Non, ils sont maîtres de leur bête. Je l’avais dit à l’époque que c’était des chevaux en fin de carrière, il n’y a pas de surprise», soutient-il. Questionné sur les possibles pertes de revenus que les propriétaires de chevaux pourraient subir cet été, il répond: «Est-ce qu’ils vous ont montré leurs revenus et ce que ça représente? Combien d’argent font-ils? Je ne sais pas. C’est pour ça qu’on veut professionnaliser leur statut», ajoute le maire.

Projet Montréal et la SPCA de Montréal ont réagi à cette annonce mercredi clamant qu’il n’y avait pas de place ultimement pour les calèches à Montréal, alors qu’elles doivent circuler entre les automobiles, la construction, les piétons et les cyclistes. «C’est bien de parler d’un nouveau règlement, mais on n’a même jamais été capable d’appliquer les anciens règlements qui étaient moins compliqués, moins complexes», soutient Sterling Downey, porte-parole de Projet Montréal en matière de gestion animalière, qui croit que l’administration de Montréal devrait réaliser une consultation publique avant de créer un nouveau règlement.

«Chaque jour où il fait plus de 30°C, la SPCA de Montréal reçoit beaucoup de plaintes concernant les chevaux en train de travailler dans la pleine chaleur», donne en exemple Alana Delevine de la SPCA de Montréal.

Ils estiment que les propriétaires de chevaux ont d’autres opportunités à l’extérieur de Montréal, sur des fermes par exemple, pour faire travailler les chevaux dans de meilleures conditions. «Dans n’importe quel sujet qui a un coté éthique, on ne peut pas dire qu’il faut continuer d’agir de façon inhumaines simplement pour des raisons économiques», estime Mme Delevine.

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