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La santé mentale des tout-petits à surveiller

Photo: Métro

Si la santé physique des enfants québécois de 0 à 5 ans s’est améliorée au cours des 10 dernières années, l’augmentation des diagnostics de troubles mentaux est à surveiller, révèle un large portrait publié mardi par l’Observatoire des tout-petits­­­­.

Comment se portent les tout-petits québécois? Le Portrait 2017 note entre autres que le nombre de diagnostics de troubles de santé mentale a beaucoup augmenté chez les tout-petits, passant de 3,5% en 2000-2001 à 4,8% en 2015-2016. «Le chiffre nous a frappés parce qu’on entend de plus en plus parler de santé mentale, mais peu pour des enfants aussi jeunes, souligne la directrice de l’Observatoire, Fannie Dagenais. Ça mérite notre attention parce que c’est très peu documenté.»

Le taux d’enfants avec un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme est passé de 0,16% à 0,82% en 15 ans. Le taux d’enfants avec un déficit d’attention a lui aussi doublé, passant de 0,4% à 0,78%. «Ce n’est pas nécessairement associé à de vrais nouveaux cas. La sensibilité est plus forte, les parents s’en rendent compte plus vite, relativise le vice-président à la valorisation scientifique et aux communications de l’Institut national de santé publique du Québec, le Dr Alain Poirier. La capacité d’établir le diagnostic fait en sorte qu’on est capables d’aider les enfants.»

Bien au courant de ce phénomène, Mme Dagenais croit tout de même qu’il faut «surveiller de près» la santé mentale des tout-petits. «Si les parents ou les éducateurs dans les services éducatifs sont stressés ou à bout de nerfs, les enfants sont des éponges, rappelle-t-elle. On peut réduire le stress sur les familles en s’assurant qu’ils aient une bonne situation financière et alimentaire et une conciliation travail-famille adéquate.»

Le but de ce portrait, une initiative de la Fondation Lucie et André Chagnon, est d’ailleurs de «susciter une réflexion collective», souligne Fannie Dagenais.

L’étude note également que le quart des enfants à la maternelle sont vulnérables dans au moins un domaine de développement et que la moitié de ceux-ci n’ont pas eu accès aux professionnels non enseignants nécessaires, par exemple un orthopédagogue ou une psychoéducatrice.

«Les problèmes de développement de la petite enfance expliquent même des problèmes de santé physique à l’âge adulte. Depuis quelques années, nos standards éducatifs ne sont pas au point ni partout au même niveau, notamment dans le réseau privé. Quand un enfant a fréquenté un service de qualité, même l’effet de la défavorisation disparaît», souligne Alain Poirier, qui a été directeur national de la santé publique du Québec de 2003 à 2012.

Il ne faut toutefois pas dresser un portrait sombre de la santé des tout-petits. Il y a eu moitié moins d’hospitalisations pour de l’asthme entre 2010 et 2016 et également moins de séjours à l’hôpital pour des blessures. «Il y a une bonne amélioration de la santé des Québécois et des tout-petits dès la naissance, se réjouit le Dr Poirier. Toute la réduction des blessures et des traumatismes, qui sont évitables, ça s’est beaucoup amélioré en 30 ans.»

Les éclosions de maladies infectieuses comme la rubéole et la coqueluche ont aussi baissé au cours des dix dernières années grâce aux campagnes de vaccination. «Mais il y a eu des éclosions d’oreillons et de rougeole, qui rappellent l’importance de continuer de vacciner», soutient Mme Dagenais.

Le tiers des enfants à risque
Le rapport souligne qu’un tiers des enfants de 3 à 5 ans sont à risque ou ont déjà un problème de surpoids. «Ça fait partie des données préoccupantes, juge Mme Dagenais. Le tiers des 3-4 ans ne respectent pas les recommandations en matière d’activité physique et les trois quarts pour le temps passé devant un écran.»

Alain Poirier lie ce problème à l’alimentation. «C’est lié à une industrie de la transformation alimentaire qui nous vend beaucoup de calories, de sucre, de gras, partout, tout le temps», indique-t-il.

La directrice de l’Observatoire se désole d’ailleurs de ne pas avoir de données sur l’alimentation. «On peut agir concrètement sur l’environnement alimentaire. À cet âge-là, certains enfants sont cinq jours par semaine dans des milieux éducatifs, où ils prennent un repas et jusqu’à deux collations», dit-elle.

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