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L'attaque de Toronto met en lumière les «incels»

Police are seen near a damaged van in Toronto after a van mounted a sidewalk crashing into a number of pedestrians on Monday, April 23, 2018. THE CANADIAN PRESS/Aaron Vincent Elkaim Photo: Aaron Vincent Elkaim/La Presse canadienne

TORONTO — Un message prétendument publié par le suspect de l’attaque à la camionnette survenue à Toronto vient mettre en lumière une communauté d’internautes majoritairement masculine qui entretient une rhétorique de violence envers les femmes, selon des experts.

Les autorités policières ont dit enquêter sur un message «énigmatique» publié sur la page Facebook d’Alek Minassian quelques minutes avant que des piétons ne soient happés sur la rue Yonge.

Facebook confirme avoir supprimé le profil associé à cette publication, qui fait référence au mouvement des «célibataires involontaires» ou «incels».

Ryan Duquette, de la firme de consultants en informatique Hexigent, souligne qu’on ne sait pas exactement qui avait accès au profil Facebook d’Alek Minassian lorsque le message a été publié, si l’on se fie uniquement aux informations rendues publiques jusqu’à maintenant.

Ni Facebook ni la police n’a voulu fournir plus de détails concernant l’origine de la publication en question.

D’après M. Duquette, lui-même un ancien policier, les enquêteurs cherchent probablement à valider l’origine de la publication en analysant quel appareil a servi à la diffuser, les données de localisation et l’historique de navigation du suspect.

D’après la professeure associée de l’Université de la ville de Dublin Debbie Ging, qui étudie les enjeux des genres et des médias sociaux, les «incels» sont principalement des hommes frustrés de leur incapacité à rencontrer une partenaire. Ceux-ci réagissent en blâmant les femmes pour leur rejet sexuel.

Selon Mme Ging, la menace d’une «révolte des incels» mentionnée dans le message fait écho au vocabulaire violent employé sur les forums de discussion par les adeptes. Des propos qu’elle attribue surtout à un besoin «d’évacuer».

La publication «énigmatique» fait aussi référence à un certain Elliot Rodger, un tueur de masse qui a fait six victimes à l’Université de Californie en 2014, en tant que «Gentilhomme suprême», un surnom souvent employé par les «incels».

Debbie Ging soutient que le message a déclenché une discussion au sujet des sentiments violents de ces sous-cultures masculines, ce qui renforce la nécessité de les prendre au sérieux.

«Je crois qu’il faut prendre ce mouvement au sérieux comme une sorte d’entité politique, dit-elle. Cet antiféminisme virulent et vitriolique fait partie d’une réaction importante. C’est ainsi qu’il faut le considérer et c’est ainsi qu’on doit s’y attaquer.»

Étudiante au doctorat à l’Université Queens et spécialisée en violence liée au genre, Bailey Gerrits affirme que le débat sur les menaces de la «masculinité toxique» n’est pas exclusif aux communautés en ligne. La réflexion devrait englober une culture plus large de violence masculine qui se manifeste quotidiennement par des agressions sexuelles, de la violence conjugale et des homicides selon Mme Gerrits.

«Ces communautés en ligne ne sont pas déconnectées de la société. Elles sont le monde réel», soutient la chercheuse.

La police a reconnu que les victimes de l’attaque de lundi étaient «principalement des femmes».

Alek Minassian, 25 ans, est accusé de dix chefs de meurtre au premier degré et de 13 chefs de tentative de meurtre. Une 14e accusation de tentative de meurtre pourrait s’ajouter en cours d’enquête, selon la police.

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