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Des groupes sociaux mettent en garde contre le projet de loi C-51 d’Ottawa

Photo: Dominique Cambron-Goulet/Métro

Une centaine de groupes sociaux ont signé une déclaration commune, jeudi, rejetant «la campagne de peur» du gouvernement fédéral, qui travaille à faire adopter son projet de loi antiterroriste C-51.

Les signataires, qui incluent entre autres Amnistie internationale, Greenpeace, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et le groupe de défense des droits autochtones Idle No More, s’inquiètent des vastes pouvoirs qui seraient accordés aux services de renseignement et aux corps policiers par le projet de loi.

Ils craignent en outre être visés par certaines dispositions de C-51, qui se basent sur «une définition existante et excessivement large de la notion de « menaces portant atteinte à la sécurité du Canada »», selon Amnistie internationale. Les activités de désobéissance civile et de perturbation pourraient être interprétées comme de telles menaces, selon les signataires.

«[C-51] menace les droits et libertés de la population canadienne, mais aussi des travailleuses et travailleurs des groupes représentant les communautés immigrantes, les groupes de femmes et les groupes de pression, a déclaré le président de la CSN, Jacques Létourneau. [Il y a certains] mécanismes qui pourraient aller beaucoup plus loin que de viser les groupes à caractère terroristes.»

C’est que, d’après le projet de loi tel qu’il est rédigé à l’heure actuelle, certains moyens de pressions, comme bloquer un pont ou entraver la construction d’un pipeline, par exemple, pourraient être interprétés comme une menace à la sécurité du Canada.

«Si une grève est jugée illégale, est-ce que les organisations syndicales seront considérées illégales voire même terroristes parce qu’elles décident de faire du blocage économique ?» a-t-il rajouté.

«C’est une loi qui doit assurer la sécurité, mais il y a beaucoup de groupes marginalisés qui vont se sentir en très grande insécurité.» – Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone

Un sentiment qui est partagé par la directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, Béatrice Vaugrante. «Vous savez, obtenir le droit de vote des femmes, ça s’est fait par des manifestations qui n’avaient pas été approuvées», juge-t-elle.

S’ils ne pensent pas forcément que les services de renseignement accuseront des groupes de pression de terrorisme, les signataires déplorent que la peur d’une telle accusation pourrait de fait limiter le débat public.

«Ça va toucher des propos qui nous heurtent et qui nous choquent, mais ça peut aussi toucher des propos qui ont lieu dans des débats publics nécessaires, affirme Mme Vaugrante. Tout le monde va être très prudent, et ça va être de l’autocensure.»

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