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Grève «sociale»: Blais évoque les conséquences

Martin Ouellet et Alexandre Robillard - La Presse Canadienne

QUÉBEC – Les militants étudiants qui ont décidé de déserter les salles de cours risquent de perdre leur session, a prévenu, mardi, le ministre de l’Enseignement supérieur, François Blais.

En point de presse, le ministre Blais a averti que le gouvernement ne sabrera pas dans le financement des écoles primaires et secondaires pour payer la reprise des cours des grévistes.

La situation budgétaire dans laquelle se trouve l’État québécois ne permettra pas d’assumer, comme en 2012, le coût de la reprise des cours, a-t-il fait valoir.

«En 2012, le coût de la grève a été important pour la sécurité et aussi pour les reprises. Moi, je ne vois pas comment je pourrais priver de financement des écoles primaires et secondaires pour financer des gens qui ont décidé de se mettre à la porte de l’université», a déclaré le ministre, laissant entendre que la session pourrait être perdue.

«On a cette préoccupation et je veux que les étudiants le sache, il pourrait y avoir des conséquences de cette nature-là, ça ne pourra pas (la grève) être indéterminé dans le temps», a-t-il ajouté.

Le ministre juge inacceptable qu’une proportion d’étudiants, qu’il évaluait mardi à 5 à 7 pour cent, soit empêchée par des militants d’entrer dans leur salle de classe. Il suggère aux universités d’utiliser leurs pouvoirs d’autorité et d’imposer des sanctions aux fautifs si cela s’avère nécessaire.

«Je demande aux établissements d’enseignement d’utiliser les moyens qu’ils ont à leur disposition, a dit M. Blais. Les universités peuvent exercer un pouvoir d’autorité sur les étudiants si elles le jugent approprié. Bien sûr elles veulent éviter d’ajouter de l’huile sur le feu et je les comprends, mais elles ont un pouvoir d’autorité, de sanctions, si nécessaire.»

Pour M. Blais, l’éducation est un droit arraché de longue lutte. Il ne conçoit pas qu’une personne, au Québec, puisse être contrainte à ne pas étudier.

«Le droit à l’éducation est un droit fondamental, mes parents se sont battus pour ça et personne ne devrait pouvoir empêcher une autre personne d’étudier», a-t-il dit.

Pour sortir de l’impasse et faire respecter leur droit, les étudiants opposés au mouvement de débrayage doivent investir massivement les assemblées de leur association pour dire non à la grève, a argué le ministre.

«Il faut absolument inviter la majorité silencieuse des étudiants à aller voter dans leurs assemblées. Je peux donner ça au moins. Lorsque la majorité silencieuse se lève et va voter _ je sais qu’ils n’aiment pas ça, je sais qu’ils trouvent les réunions longues, difficiles _ mais quand ils vont voter, ça donne des résultats. Je leur demande de le faire», a-t-il dit.

Quant à elle, la porte-parole péquiste en matière d’enseignement supérieur, Véronique Hivon, a estimé qu’il était temps pour les libéraux au pouvoir de reconnaître le droit de grève des étudiants, tout en identifiant les limites d’un tel droit.

«Je pense qu’on en est rendu là, a-t-elle dit. Il faut tout à fait se pencher sur le droit de grève des étudiants. Il faut que ce droit ait une reconnaissance et un encadrement et c’est comme ça qu’on va réussir à faire face à ces situations, parce qu’en ce moment personne n’est gagnant. On a le droit à de la paix sociale et à des règles claires.»

Mme Hivon, députée de Joliette, comprend la frustration des étudiants face aux mesures d’austérité des libéraux et appuie un récent jugement qui reconnaît la légitimité de la démocratie et des associations étudiantes.

«On voit comment beaucoup de joueurs sont mal pris dans tout ça, a-t-elle dit. Nous ce n’est pas à gauche, ce n’est pas à droite, ce n’est pas pour un, ce n’est pas pour l’autre, ce qu’on demande au gouvernement, c’est de prendre ses responsabilités de s’attaquer à cette question-là.»

Sans s’avancer sur des balises précises, Mme Hivon a évoqué le rapport Ménard sur les événements du printemps étudiants de 2012, qui proposait de reconnaître le droit de grève à la condition d’imposer le vote secret lors des assemblées générales.

«On est toujours pris avec toutes ces questions-là, a-t-elle dit. À partir du moment où un vote est pris par une association étudiante, dans les règles reconnues, après qu’est-ce qu’on fait? Jusqu’où ça peut aller? Jusqu’où ces décisions peuvent aller?»

Mais la réponse n’a pas tardé. Pour le gouvernement, il n’est pas question de reconnaître aux étudiants le même droit de grève que celui dont jouissent les travailleurs salariés.

«Nous ne baliserons pas le droit de grève, on ne croit pas à ce droit là sur le plan des principes», a indiqué le ministre Blais.

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