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Le Québec se rapproche d'un 'État totalitaire'

QUÉBEC – Le gouvernement Charest, avec sa loi spéciale, rapproche le Québec d’un «État totalitaire» pour protéger sa future campagne électorale.

C’est la condamnation unanime formulée vendredi par les syndicats et les associations étudiantes, dont la CLASSE, qui n’exclut pas la désobéissance civile pour s’opposer à la loi.

Le projet de loi 78 est actuellement débattu en Chambre en séance extraordinaire. Il vise à mater la contestation étudiante qui dure maintenant depuis 14 semaines. La pièce législative restreint strictement le droit de manifester, en plus de prévoir de fortes amendes pour ceux qui entraveront le droit des étudiants d’assister à leurs cours.

Au moins huit heures avant la tenue d’une manif de plus de 10 personnes, les organisateurs devront aviser les autorités de la date, de l’heure, de la durée, de l’itinéraire et des moyens de transport utilisés. Le corps de police pourra exiger des changements de lieu ou d’itinéraire, «aux fins de maintenir la paix, l’ordre et la sécurité publique».

Cette «loi est guidée par la hargne, la colère et la revanche du Parti libéral», a affirmé le président de la FTQ, Michel Arsenault, en conférence de presse vendredi, qui était entouré de ses homologues Louis Roy, de la CSN, Réjean Parent, de la CSQ, ainsi que des représentants des associations étudiantes.

«Le Québec ne doit pas devenir une société policière», a-t-il mis en garde. Selon lui, les gens ont «une écoeurantite aigüe» envers le gouvernement Charest et il faut des élections. Le droit d’apostropher spontanément en petit groupe le chef libéral pendant la campagne électorale est menacé.

«On n’est pas en Corée du Nord, se mettre à pleurer ou à rire quand le premier ministre passe!»

Selon M. Roy, cette loi «a été écrite par des ‘mon’oncles’ impuissants» et brime la liberté d’expression au nom du droit à l’éducation.

«(Le gouvernement) brime nos droits collectifs pour protéger sa future campagne électorale, c’est inadmissible, on est tout près d’un gouvernement qui brime des droits fondamentaux et quand on est près de ça, on est près d’un État totalitaire.»

Quant à M. Parent, il n’a «jamais vu une loi aussi perfide», «digne d’une république de bananes». Il a dit avoir du mal à contenir sa colère et qu’il fera tout ce qui est possible, tout comme ses homologues, pour s’opposer à la loi.

«C’est dommage que je sois instruit. Mon père, dans les années 50, aurait dit qu’il est en ‘tabarnaque’; moi, j’ai plus de vocabulaire, je vais dire que je suis outré, indigné, choqué profondément, mais son petit mot traduisait mon ressentiment.»

La Fédération étudiante du collégial (FECQ) a déjà entamé un recours en nullité devant les tribunaux pour faire invalider la loi, a fait savoir son président, Léo Bureau-Blouin. Un site, loi78.com, recueille des appuis et a déjà obtenu plus de 10 000 signatures.

La CLASSE entend poursuivre les manifestations même après l’adoption de la loi et même évoque la désobéissance civile.

«Il n’est pas exclu de d’appeler à désobéir à cette loi, il y a probablement une annonce qui sera faite aujourd’hui (vendredi), a déclaré son porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois. Lorsque les lois deviennent injustes, parfois il faut désobéir, on est en train de réfléchir sérieusement à cette possibilité.»

Visiblement un peu mal à l’aise, M Arsenault a dit qu’il allait en discuter avec la CLASSE après la conférence de presse. Toutefois, M. Roy, de la CSN, a dit qu’il n’allait pas inciter ses membres à désobéir, mais bien à faire respecter leurs droits en manifestant.

Plus tôt en journée, par voie de communiqué, le Barreau du Québec a formulé de sérieuses inquiétudes à l’égard du projet de loi. Le bâtonnier, Louis Masson, craint que le texte de loi porte des atteintes aux droits constitutionnels et fondamentaux des citoyens. À son avis, l’ampleur des limitations aux libertés fondamentales n’est pas justifiée pour atteindre les objectifs visés par le gouvernement.<

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