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Ex-PM: Couillard ne fixe pas d’échéance

QUÉBEC – Le premier ministre Philippe Couillard refuse de fixer une échéance pour la présentation des nouvelles règles de transition qui s’appliqueront aux anciens premiers ministres du Québec, ou encore d’en définir les contours.

En point de presse à Montréal, jeudi, M. Couillard a réaffirmé l’importance de modifier les règles du jeu, tout en affirmant qu’il était mal placé pour commenter davantage, en raison du risque de se placer en conflit d’intérêts.

La veille, La Presse Canadienne rapportait que depuis son départ de la vie publique l’ex-premier ministre Jean Charest avait facturé au gouvernement 368 566 $ de dépenses, essentiellement pour louer des espaces à bureau et embaucher du personnel.

Quant à l’ex-première ministre Pauline Marois, ses dépenses assumées par les contribuables depuis juin 2014 s’élèvent à 129 276 $.

Jeudi, M. Couillard n’a pas voulu dénoncer, ni justifier, l’importance des fonds publics alloués et utilisés par ses prédécesseurs après leur départ de la vie politique.

Il s’est contenté de réaffirmer qu’il avait donné le mandat au secrétaire général du gouvernement, Roberto Iglesias, d’examiner la politique de transition et de faire des recommandations pour la rendre plus acceptable.

«J’ai demandé au secrétaire général du gouvernement, de façon indépendante, de nous fournir une recommandation des besoins normaux pour quelqu’un qui quitte cette fonction-là, pour quelque temps, incluant la sécurité, et que ce soit la même chose et prévisible et non pas ajusté à chaque fois qu’il y a une transition», a dit M. Couillard en point de presse, en marge d’une allocution devant les membres de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).

Il n’a pas dit à quel moment il avait formulé sa demande au secrétaire général, ni pourquoi exactement il l’avait faite, et n’a mentionné aucune échéance pour modifier les règles. Mercredi, il laissait entendre qu’il avait alerté M. Iglesias peu après son entrée en fonction. Un an plus tard, il n’a toujours annoncé aucun changement.

Il a laissé entendre jeudi que les nouvelles règles ne viseraient pas M. Charest et Mme Marois. Il a dit vouloir parler d’«avenir» et non du «passé», tout en se préoccupant des apparences de conflit d’intérêts.

«Comme premier ministre, je ne peux pas décider par décret quelles seront mes conditions quand je vais quitter, je serais en conflit d’intérêts manifeste», selon lui.

Son porte-parole a refusé jeudi d’en dire davantage sur les intentions du premier ministre. Il a référé les demandes des médias à ce sujet au Conseil exécutif, qui n’a pas fourni plus de détails.

Le porte-parole de M. Charest, Gregory Larroque, n’a pas donné suite, lui non plus, à une demande de renseignements et la porte-parole du service des communications chez McCarthy Tétreault, la firme d’avocats qui embauche M. Charest, Hélène Sansoucy, non plus.

Au Québec, les ex-premiers ministres ont droit à divers privilèges pendant les trois années suivant leur départ de la vie politique, des privilèges dont le coût est assumé par les contribuables. Annuellement, une somme de 200 000 $ est mise à leur disposition.

En 22 mois, d’avril 2013 à février 2015, les frais de bureau facturés à l’État par M. Charest ont totalisé 224 249 $. Cela inclut le coût de location du local comme tel (182 323 $), les fournitures de bureau (31 525 $) et les frais de télécommunication (10 399 $). Il a été impossible d’obtenir le détail de ces dépenses.

Durant la même période, M. Charest a donné des contrats de services à six personnes, pour un total de 132 317 $ de fonds publics. Il a aussi facturé au gouvernement tout près de 12 000 $ de frais de transport.

Première ministre pendant 18 mois, Pauline Marois aura droit à ses privilèges jusqu’à juin 2017. Depuis un an, elle a donné des contrats à six personnes, pour un total de 77 675 $. Elle a également facturé 5135 $ pour des frais de «transport terrestre». Sur une base annuelle, les frais de location de bureau remboursés à Mme Marois se sont élevés à 44 500 $.

Jeudi, le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec, François Bonnardel, a dénoncé le «bar ouvert» à la disposition des anciens premiers ministres, qui selon lui «abusent» des fonds publics, alors que le gouvernement cherche par tous les moyens à sabrer dans les dépenses. Il réclame un meilleur encadrement.

Son chef, François Legault, a dit de son côté qu’il aurait apprécié que le premier ministre Couillard et le chef péquiste Pierre Karl Péladeau se montrent plus «fermes» pour dénoncer ces allocations de transition.

La porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a réclamé elle aussi plus de transparence du gouvernement, pour savoir «à quoi ça sert? qu’est-ce que ça finance?» exactement les dépenses des anciens premiers ministres.

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