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Une «influence déterminante», souhaite Couillard

QUÉBEC – Une participation financière d’Ottawa au projet d’avion CSeries de Bombardier garantirait aux gouvernements une «influence déterminante» au conseil d’administration de l’entreprise, a déclaré jeudi le premier ministre Philippe Couillard.

M. Couillard a tenu ces propos en Chambre, alors que l’opposition caquiste s’inquiétait du trop grand poids gouvernemental que ce scénario ferait peser sur la filiale.

«C’est la raison pour laquelle on a choisi d’intervenir dans la Série C spécifiquement et de poser un geste économique majeur auquel j’espère le gouvernement fédéral va se joindre également, ce qui va nous permettre d’avoir une influence déterminante au conseil d’administration», a-t-il dit.

Un reportage publié jeudi indiquait que le gouvernement québécois a proposé à Ottawa d’investir dans la filiale de Bombardier qui regroupe les activités de la CSeries.

Le gouvernement québécois a l’intention d’investir 1,3 milliard $ CAN, ce qui doit lui permettre de compter sur deux des cinq sièges au conseil d’administration de la filiale.

Dans une entrevue à Radio-Canada, le ministre des Transports, Jacques Daoust, a confirmé jeudi un scénario où, si Ottawa décide d’investir dans le projet, les gouvernements disposeraient d’une majorité au conseil d’administration de la filiale.

«C’est certainement une avenue qui est explorée dans le moment, parce qu’on ne pourrait pas imaginer qu’on investirait les deux tiers des fonds, mais qu’on serait minoritaire au niveau décisionnel», a-t-il ajouté.

M. Daoust a évoqué la possibilité qu’un nouvel investisseur obtienne également deux sièges, pour un total de sept au conseil d’administration, trois pour Bombardier.

«Si on avait un nouveau joueur qui se joignait à nous, à ce moment-là, on pourrait imaginer avoir sept membres: deux de ce nouveau partenaire-là, deux chez nous et trois pour Bombardier, de sorte que le nouveau partenaire et nous contrôlerions la compagnie», a dit M. Daoust.

Le chef caquiste François Legault a exprimé des craintes, jeudi, devant la perspective que les gouvernements fédéral et québécois soient majoritaires à ce conseil d’administration.

M. Legault a mis en doute l’expertise des premiers ministres Justin Trudeau et Philippe Couillard dans le secteur de l’aéronautique.

«Juste d’imaginer une division de la CSeries présidée par Daniel Johnson où le contrôle de l’entreprise serait entre les mains de Justin Trudeau et Philippe Couillard, moi, j’ai froid dans le dos, de voir une situation comme celle-là», a-t-il dit lors d’un point de presse.

M. Legault s’est inquiété des conséquences d’une position de force des gouvernements dans la CSeries.

«Je ne pense pas que M. Trudeau puis M. Couillard aient une grande expertise dans l’aviation», a-t-il dit.

En Chambre, jeudi, M. Couillard a confirmé qu’il avait pris contact avec la direction d’Air Canada, et son chef de la direction Calin Rovinescu, pour l’inciter à acheter des appareils de la CSeries, une transaction annoncée la semaine dernière.

«Tout ce que j’ai souhaité dans une conversation, une conversation avec le président d’Air Canada, c’est qu’il commande des Séries C pour l’intérêt supérieur du Québec, et ça, je suis très fier de le dire aujourd’hui, a-t-il dit. Mais ce n’est pas moi qui ai négocié l’entente, rien à voir là-dedans.»

Le leader parlementaire de la CAQ, François Bonnardel, s’est ensuite étonné qu’aucun représentant d’Air Canada ne soit inscrit au registre des lobbyistes, bien qu’une entente soit survenue avec le gouvernement concernant l’entretien des appareils au Québec.

«Il serait important que le premier ministre nous dise la vérité, a-t-il dit. Qui a participé à ces négociations? Qui a joué le jeu d’Air Canada d’acheter ses avions et qu’en échange on abandonne la poursuite d’Aveos?»

La CAQ a d’ailleurs réclamé une enquête au Commissaire au lobbyisme, afin de déterminer si des infractions à la loi, qui oblige les représentants d’entreprises à déclarer leurs rencontres avec des titulaires de charges publiques, ont été commises dans ce dossier.

«Ces gens d’Air Canada doivent s’enregistrer s’ils ont à négocier quoi que ce soit avec le gouvernement, a-t-il dit. Je ne peux pas prétendre de rien, mais je pense qu’il va de soi aujourd’hui avec les affirmations du premier ministre.»

Par ailleurs, après avoir établi l’objectif de 300 commandes fermes comme un seuil minimal d’ici le début de la livraison des appareils CSeries, la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a estimé que l’entreprise compte actuellement 288 engagements fermes.

L’entreprise a plutôt déclaré 243 commandes fermes mais la ministre a inclus les 45 appareils prévus dans une lettre d’intention d’Air Canada qui reste à finaliser, a confirmé l’attachée de presse Jolyane Pronovost.

«On est rendus à 288 commandes fermes, on en veut plus», a dit Mme Anglade sur les ondes de Radio-Canada.

Par ailleurs, M. Legault et le chef péquiste Pierre Karl Péladeau ont accepté une invitation de Bombardier à rencontrer la direction de l’entreprise.

Aucun détail sur l’ordre du jour des rencontres n’a été divulgué, jeudi. M. Legault sera disponible vendredi. Il n’a pas été possible de savoir quand M. Péladeau fera de même.

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