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Le cyclotron: les particules élémentaires d’une romance

Photo: Funfilm

Le cyclotron retourne à une période charnière de l’Histoire où l’avenir aurait pu être bien différent.

Le cinéma d’Olivier Asselin est unique au Québec. De La liberté d’une statue au Capitalisme sentimental, il élabore des mondes métaphysiques inventifs et ambitieux. Un tour de force que l’on retrouve de nouveau dans Le cyclotron, un suspense sur fond de Seconde Guerre mondiale où il est question de mécanique quantique, de particules élémentaires, mais également d’une romance poétique et d’espions. Le tout tantôt en couleurs, tantôt en noir et blanc, en français et en allemand, avec des ellipses à la tonne, de l’action à revendre, un soin sonore de tous les instants et un univers graphique qui évoque Guy Maddin et le Europa de Lars von Trier.

«On a découvert qu’il y avait un moment historique qui est très troublant, révèle le cinéaste en entrevue, en parlant de ce récit où une scientifique (Lucille Fluet) est envoyée aux trousses d’un collègue (Mark-Antony Krupa) qui est peut-être sur le point de donner de l’information vitale aux nazis. Hitler est au pouvoir et tous les scientifiques qui travaillent sur des affaires très abstraites sont obligés de prendre position. Que vont faire ces intellectuels? C’est la question de l’engagement.»

Un choix moral qu’il est facile de remettre à l’ordre du jour en cette période de rigidité et d’instabilité politique. «Depuis l’élection de Trump, jamais je n’aurais pu croire que Cyclotron pouvait être autant d’actualité, déclare, abasourdi, Paul Ahmarani, qui campe un méchant opportuniste. De voir la réalité de gens qui se sont fait dérober leur poste au profit d’autres, uniquement à cause de leur origine ethnique… On le voit avec l’essor de la droite populiste, avec les radios-poubelles. Ces gens-là, ces politiciens-là, ces radios-là sont en train de modeler une société qui nous fait penser aux années 30 où les inégalités sont de mise.»

le cyclotron paul ahmarani

«Il arrive que l’histoire avec un grand H, dans des moments extrêmement troubles comme la Deuxiè­me Guerre mondiale, révèle chez certaines personnes tantôt des héros, tantôt des lâches.» – Paul Ahmarani, un protagoniste du Cyclotron

Les moyens de l’époque
Le cyclotron n’hésite pas à utiliser des styles particuliers – l’expressionnisme allemand, le film noir – pour se distancier des façons habituelles de raconter la Deuxième Guerre mondiale. Il n’est donc plus question d’une fiction esthétiquement soignée ou d’un documentaire d’archives.

«Comment dire une vérité historique? se questionne son réalisateur, Olivier Asselin. Est-ce qu’il y a un autre moyen de montrer? Comment aller dans le vif de l’histoire si on n’a que deux manières de faire qui sont hyper conventionnelles? Je me suis dit que je pourrais imaginer un film tel que les Américains l’auraient fait dans les années 1950. C’est un pari que je fais d’être artificiel, de montrer les choses telles qu’on pense que la nature des choses devait être. C’est peut-être un moyen d’avoir accès à une réalité rhétorique.»

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