Soutenez

Kathleen prépare un retour sur disque

Photo: Gracieuseté
Dominique Fortier - L'Avantage gaspésien / TC Media

Après plus d’une quinzaine d’années à l’écart des projecteurs, la chanteuse d’origine gaspésienne Kathleen sort de l’ombre et prépare même un retour sur disque. TC Media s’est entretenu longuement avec la sympathique artiste à la tignasse blonde qui s’est confiée généreusement sur tout ce qu’elle a vécu au cours de la dernière décennie.

1- Où étais-tu dans les dernières années?

Par où commencer? Après la parution du troisième album (Cette fille-là) paru en 1996, j’ai étiré ça jusqu’en 2000 jusqu’à ce je quitte Sony musique, ma compagnie de disques de l’époque. À ce moment-là, ça faisait près de dix ans que ma carrière roulait à plein et je commençais à ressentir la fatigue. J’ai donc tout arrêté et je me suis dit que j’allais me concentrer sur les vraies affaires, comme aller faire des tartes avec mes tantes à Cap-Chat et Sainte-Anne-des-Monts et marcher sur le bord de l’eau en Gaspésie. Je voulais laisser la poussière retomber et me refaire une santé. Cette période a duré environ deux ans.

Par la suite, j’ai repris la musique en compagnie de Richard Desjardins qui m’a écrit une chanson. On travaillait aussi avec Christian, mon copain de l’époque sur des nouvelles chansons dans notre studio maison. Il y avait aussi Jacques St-Onge, un producteur qui s’occupait notamment des spectacles de Richard Desjardins. Il a fondé une compagnie de disques spécialement pour moi. Le processus était enclenché depuis près de trois ans mais Richard a finalement déménagé en France, ce qui mit fin aux activités de la maison de disques. Ce fût un coup dur à encaisser car on travaillait tous très bien ensemble. Je vivais le plaisir de redevenir une artiste après des années difficiles chez Sony. J’étais entourée de gens qui croyaient en moi.

2- Que s’est-il passé ensuite?

Nous avons continué à travailler les chansons en nous disant que lorsque ce serait prêt, nous allions trouver une façon de produire le disque. C’était autour de 2004. À ce moment-là, une autre aventure a débuté. Mon copain, fils de Bill Gagnon, et moi avons décidé de relancer le Ville-Émard Blues Band dans lequel évoluait son père dans les années 1970. Nous avons alors été rechercher tous les musiciens de l’époque auxquels se sont greffés les enfants de ceux-ci. J’ai chanté au sein de ce groupe pendant quelques années et nous avons fait des spectacles ici et là. C’était bien pour moi puisque je n’avais la pression de mener une carrière solo comme à l’époque. On faisait du jazz, du rock, bref beaucoup d’influences des années 70. J’ai réellement chanté. J’ai exploré et expérimenté des choses. J’ai pu exploiter ma voix différemment.

3- Il y a eu ensuite une longue période où on n’avait pratiquement aucune nouvelle de toi.

Oui, il y a eu des moments difficiles autant au niveau personnel que professionnel. J’ai quitté mon gérant qui avait beaucoup pressé le citron et qui avait fait beaucoup d’argent sur mon dos. J’ai aussi quitté Sony Musique qui marquait un point tournant dans ma carrière. Plus tard, j’ai eu une rupture amoureuse avec Christian, mon copain de longue date. En 2008, lorsque nous étions sur le point de rompre, ça signifiait également de laisser le projet d’album qui tombait à l’eau pour une deuxième fois. À un moment donné, je me suis trouvée à travailler dans une petite boutique de thé. J’ai eu à vivre plein de deuils et ce fût une période où l’égo et l’humilité en ont pris un coup.

J’ai ressenti tous les contrecoups de ce que j’avais vécu. Ce fût comme un coup de pelle par la tête. Je me posais la question à savoir comment je me définissais. Tout changeait aussi dans le milieu de la musique. C’était une période de grande remise en question.

4- À un certain moment, on a senti que tu avais beaucoup d’amertume face aux deux premiers albums. Comment perçois-tu aujourd’hui les chansons qui ont marqué ta carrière comme « Ça va bien! » et « Où aller? » pour ne nommer que celles-là.

J’étais toute jeune quand j’ai sorti le premier album. J’ai toujours aimé la danse. Je donnais d’ailleurs des cours de danse et de ballet jazz dans le sous-sol de l’église de Cap-Chat. Donc, que les chansons aient des sonorités pop ou dance, je n’avais pas de problème avec ça, je l’assumais. J’écoute encore aujourd’hui du reggae. D’ailleurs les boudins viennent de là. J’ai grandi sur le bord de la plage alors j’ai ça en moi; même s’il fait plus froid à Cap-Chat qu’en Jamaïque! Il y avait beaucoup de ces couleurs-là dans le premier album.

Quant au deuxième, j’ai eu un peu plus mon mot à dire mais je n’étais pas entièrement libre. Je comprenais que pour être connue, je devais jouer le jeu. Mais ce n’était pas l’idéal pour être intègre à moi-même. Je dois avouer que pendant près de sept ans, je n’avais plus envie de chanter « Ça va bien! ». Ce n’est pas parce que je ne l’assumais pas, au contraire, je l’aimais beaucoup. Ça fait partie de mon tempérament. Je suis une fille « peace and love ». J’aime la musique joyeuse, qui fait du bien. J’ai aussi un petit côté kitsch que j’assume à 100 %. Aujourd’hui, je la rechanterais sans problème. Mon seul regret est que bien des gens aient interprété ça comme de la légèreté d’esprit de ma part. On ne me donnait aucune profondeur alors qu’à onze ans, je pouvais écrire des choses qui impressionnaient mes amis.

5- Justement, on a pas toujours été tendre à ton égard.

Effectivement. J’ai eu beaucoup de peine lorsque Piment Fort tapait sur moi et me condamnait sans me connaître à cause d’une chanson. Normand Brathwaite ne me connaissait pas du tout. Il ne m’avait jamais rencontré. Mais on utilisait quand même « Ça va bien! » pour dire que j’étais légère et sans profondeur alors que c’était totalement faux. Ma mère était enseignante à Cap-Chat et les notes étaient très importantes. Très jeune, je lisais « Le puissance de votre subconscient ». J’ai trouvé ça bien plate mais aujourd’hui je m’en fous.

Ce qui était aussi frustrant est que ni mon gérant, ni la compagnie de disques, ni mon agent de presse n’ont fait quoi que ce soit pour me défendre. Personne n’a appelé TVA pour dire à la gang de Piment Fort de me laisser tranquille.

6- Les choses semblent toutefois aller mieux maintenant?

Tout à fait. Dernièrement, Christian et moi avons recommencé à travailler ensemble sur l’album et c’est génial. Il y a même des chansons qui ont survécu des deux premières tentatives et tranquillement, d’autres chansons écrites de ma plume et d’autres auteurs se greffent au projet. Je ne veux pas m’imposer de date de sortie parce que je le fais par plaisir. Et d’ailleurs, je n’ai pas encore de compagnie de disques pour le moment mais ça devrait s’arranger. J’ai aussi des chansons que j’aime beaucoup comme Ivre, ivre de tout recommencer et I’ll be waiting, une composition de Christian où j’ai traduit les couplets en français. Par contre, je peux te dire qu’on travaille actuellement pour lancer une première chanson et un vidéoclip très bientôt. J’ai hâte que les gens entendent ça. C’est une chanson qui va parler de chez nous.

J’ai aussi décidé de me créer un compte Facebook. Je constate que j’aurais dû le faire avant parce que je reconnecte avec plein de gens et je reçois plein de témoignages d’affection et que les gens s’ennuyaient de moi. Donc aujourd’hui, je peux te dire officiellement que ça va bien!

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.